Nous croyons entendre un Doom plutôt gothique que déjà, changement de rythmes et voilà que débarque une voix Black outrancière. Mais ce n’est pas tout, car non encore remis de cette nouvelle direction que le chant en devient mélancolique et… clair ! En fait, nous en perdons notre latin dès les premières minutes de ce "Chrysalis". Mais, ne vous y trompez point, la tendance générale l’emportera du côté d’un Black Metal symphonique, ma main à couper ! Mesdames et Messieurs, vous venez d’entre-apercevoir la première étape connue sous le titre de : "Ochre Mantle Stare", soit l’introduction !

Seulement voilà, nos Espagnols de musiciens ont absorbé tout ce qui était possible en matière de Metal. Celle-ci fut mastiquée un bon moment pour être transformée en un substrat d’où va foisonner l’émergence d’un groupe unique, innovateur, reprenant, de-ci de-là, des structures assimilées façon Black, Death, Heavy, Folk, acoustique, etc… sans jamais les plagier. Du coup, les compositions sont très développées - entendez par là, riches en revirements et aérées ; à la limite du Progressif.

Premier album pour NAHEMAH et déjà, un premier constat : des idées, il y en a beaucoup. L’amour du travail bien fait et la passion artistique sont indéniables. Seule la complexité de l’œuvre (à tout le moins les multiples changements de rythmes, de combinaisons insolites ainsi que de mélanges de genres sous la coupelle symphonique d’un Black classieux), nous donne à penser que l’album est bien plus qu’un fourre-tout. Ce serait plutôt une démonstration réussie d’une équation musicale compliquée et quasi vouée à l’échec pour le commun des mortels.

"Chrysalis" attirera plus les romantiques et autres âmes en peine. Amateurs de "true" Black underground, passez votre chemin, votre bonheur est à ce prix ! En effet, c’est un album, certes Black, parfois énergique tel DAWN OF RELIC mais pas uniquement. Pratiquement, toutes les plages calmes tendent vers un Doom atmosphérique sans y ressentir de la pesanteur dans les riffs mais bien un sentiment de tristesse… que nos amis les Gothiques apprécieront à leur juste valeur, d’ailleurs. Oui, vous l’avez compris, NAHEMAH s’adresse à un public large, non pas par mode mais par refus de se cataloguer comme bon nombre de leurs petits camarades en mal d’inspiration.

Énormément de nappes de claviers d’ambiances colorent l’album. Pas mal de passages en touches claires - traduisez : piano classique - également. Un peu comme si les autres instruments se focalisaient autour. Le tout est empaqueté dans un rendu clair et donnant ses lettres de noblesse aux musiciens de NAHEMAH, en partie déjà gagnées et "A New Constellation" (2009), confirmées par la suite avec le surprenant "The Second Philosophy" (2007), plus expérimental. Autres point positif, ce sont ces quelques instants de guitares sèches raffinés et non encombrants qui donnent une orientation unique en son genre.

Hormis la petite respiration instrumentale "The Teardrop Fall", disons que "Chrysalis" fait partie des bonnes pioches à effectuer si vous voulez vous enfoncer encore un peu plus dans cet univers délicieux et infini du Metal. NAHEMAH fait partie d’une génération qui respecte ce qui a été établi et propose à son tour de mettre une évolution notable digne des pionniers. Grand bien leur en a pris car, toujours en place et respecté, NAHEMAH se porte bien et vous en remercie !