Grand Orchestral Kamikaze. Tel est le terme que You Oshima, géniteur et unique membre de KADENZZA, utilise pour désigner sa musique. Bien sûr, les exigences inhérentes au site me feront accoler une étiquette plus sobre à ce disque, mais force est de reconnaître que s’il n’invente pas un style, l’album possède une sacrée personnalité.

Originaire du Japon, l’homme est sorti de l’anonymat grâce à Holy Records, qui lui a d’ailleurs permis d’enregistrer une reprise de MISANTHROPE, "Supplication For God", en 2005. Comme quoi, les Français ont parfois bon goût en matière de Metal !

"Into The Oriental Phantasma" marque les débuts de KADENZZA, après une démo parue en 2002, d’ailleurs composée uniquement de chansons de cet album. Pourtant, difficile de croire qu’il s’agit d’un premier essai, tant celui-ci est concluant. La pochette annonce la couleur : un masque de samouraï, deux femmes à l’aspect fantomatique et ce titre qui nous promet un voyage pour l’Orient. Nous nous trouvons au Japon, plongés dans un univers sombre et malsain. Oshima, seul maître à bord, fait montre d’une virtuosité exemplaire dans le maniement de tous les instruments, à l’exception de la batterie, entièrement numérique. Ne craignez rien, la boîte à rythme n’est pas handicapée par un son faiblard et, à l’instar d’un SAMAEL, participe à ce son puissant, presque électronique. Enrichie par de nombreux claviers et sons futuristes tout droit sortis du Metal Progressif, la musique de KADENZZA n’est pas sans rappeler les ténors du Metal Avant-Gardiste, ARCTURUS en tête. On croirait parfois entendre la voix profonde de Garm. Non, il s’agit encore et toujours du même homme, décidément protéiforme. Mais sa plus grande force reste sans l’ombre d’un doute sa dextérité à la guitare, sa capacité à délivrer sans cesse des riffs inspirés et des soli de haute volée. Un régal.

"Into The Oriental Phantasma" est un album aussi obscur qu'inventif, qui s’appuie sur une base de Metal extrême doublée d’arrangements symphoniques et électroniques : on sent parfois du MISANTHROPE et du EMPEROR, influences revendiquées de l’artiste. L’univers dépeint par KADENZZA est ténébreux, guerrier, et ose même la terrifiante "War Phantasma", évocation glaciale de la Seconde Guerre mondiale accompagnée d’enregistrements d’époque. Une sorte de pont macabre entre l’Europe et le Japon, pays ayant lui aussi commis son lot d’atrocités. Fort heureusement, Oshima sait nuancer son propos et ne tombe jamais dans la surenchère, une subtilité appréciable vu la sensibilité du sujet. Excellente idée que ce mariage de l’Europe du Japon, dans les thématiques abordées, mais aussi sur le plan musical : que dire des hommages présent au sein de Wheel Of Fortune ? Je vous laisse le soin de les découvrir…

Ce n’est pas un groupe comme SIGH qui me fera dire le contraire, le Japon est un réservoir de groupes originaux ne demandant qu’à être découverts, même s’il souffre d’une image négative sans doute liée à la prédominance des groupes de Visual Kei dans les esprits.

Je vous recommande donc chaudement ce "Into The Oriental Phantasma", intelligent, puissant, mature et surtout, premier essai avant le somptueux "The Second Renaissance". Difficile de lui trouver des défauts, si ce n’est son descendant qui a tendance à lui faire de l’ombre.