Autant vous prévenir tout de suite, cette chronique est un petit coup de folie et cet album risque de ne pas intéresser grand monde, mis à part peut-être quelques otaku fans de Metal Symphonique, qui trouveront là leur bonheur. Cette étrangeté vient donc du Japon, pays lointain habité par tout un tas de gens complètement fous, ce qui peut offrir de bonnes surprises musicales à l’occidental blasé. Or, la seule lecture du titre de l’album, "Dragonvarius", suffit à susciter la curiosité. Ajoutons-y cette pochette au style très manga et au trait assez maladroit. On devine sans mal qu’on a affaire à un groupe amateur (en réalité le projet d’un seul homme), qui emprunte au Metal européen et donne dans le style Metal fantasy avec de petites touches japonaises par-ci par-là.

Bingo ! Il s’agit en gros d’un opéra Metal auquel participent différents chanteurs, qui campent les personnages d’une histoire visiblement développée au cours des albums précédents, celui-ci étant le troisième en date. Un AVANTASIA aux yeux bridés, en quelque sorte. Le style emprunte bien évidemment aux maîtres du genre, à STRATOVARIUS pour la vélocité et à RHAPSODY pour les sonorités baroques omniprésentes. Ajoutez à cela un chant intégralement en japonais qui interdira toute compréhension de l’histoire aux non-japonisants. C’est simple, à certains moments, plusieurs personnages se donnent la réplique avec entrain, ça a l’air passionnant, mais pour les ignorants que nous sommes, quel charabia ! La chanteuse principale possède également un timbre rappelant fortement les génériques de dessins animés japonais. Donc, si cet univers vous laisse de marbre, passez votre chemin, mais si vous êtes un inconditionnel possédant des notions de japonais, penchez-vous sur DRAGON GUARDIAN, il constituera sans doute une bonne surprise.

Le disque ne se résumant pas à son statut d’étrangeté, décortiquons-le pour répondre à la plus simple des questions : s’agit-il d’un bon album de Metal ? Oui, non, inégal. Il comporte de très bons passages et se laisse bien écouter, mais peut se révéler très agaçant par endroits. Je pense surtout à la chanson "Koumachi Bacchus" et à son accordéon insupportable et terriblement kitsch. Difficile de ne pas s’imaginer des touristes japonais en train de photographier un Paris de carte postale. La chanteuse possède une voix agréable, sans plus, et on se demande souvent pourquoi elle tente de chanter le plus fort possible. C’est une tendance audible tout au long du disque et, oserais-je dire, très japonaise : l’emphase, l’exagération, une volonté d’en faire le plus possible qui donne à certaines chansons un côté survitaminé un peu fatigant à la longue. Une fois de plus, les aficionados ne verront pas cela comme un défaut, mais il faut bien reconnaître que quelques groupes, KADENZZA et SIGH en tête, parviennent mieux à rendre leur étrangeté japonaise accessible à un large public.

Malgré tout, si on accepte de fermer les yeux sur ses défauts, "Dragonvarius" constitue un sympathique album de Speed Symphonique, plusieurs crans au-dessus des innombrables daubes qui entachent le blason du genre. Sa grande force reste finalement son côté très "jap" qui le différencie de la concurrence et qui plaira sans doute à quelques personnes. Une curiosité à découvrir, donc.