Au rayon des disques qui ont mal vieilli, j'appelle aujourd'hui à la barre le "Tribute To METALLICA" signé DIE KRUPPS. DIE KRUPPS, combo teuton d'EBM lorgnant dans ses dernières années vers un industriel de plus en plus connoté Metal. Le "Tribute To METALLICA", une presque rareté qui aura bénéficié du succès du "Black Album" et du statut des Four Horsemen au début des années 90 (plus grand groupe de Metal au monde, ce n'est pas rien), disque précurseur de toute la misérable flopée d'albums tribute qui envahira les bacs des pires disquaires quelques années plus tard.

Au menu de cet hommage, du METALLICA version EBM tout simplement. Un EBM sans le B de Body malheureusement. Un EBM guère dansant ni entraînant donc. Un EBM qu'on aurait, qui plus est, voulu plus riche en textures sonores. Un EBM plombé par un chant guère passionnant ou quand Jürgen Engler tente de singer James Hetfield et y perd tous ses galons de frontman (petite échelle des valeurs, "Enter Sandman" est plus contaminé par ce manque de caractère que "Blackened" ou "Battery").

Voilà, ce "Tribute To METALLICA" n'est pas bien bon. Cependant mille fois plus honnête que ses innombrables successeurs, il aimerait soutenir la comparaison avec le premier disque d'APOCALYPTICA, exercice tout à fait similaire au résultat comparable. A la différence près que les violoncelles ont mieux vieilli que les bips sonores, conséquence d'une noblesse (ça doit venir du bois, non ?) que ne possède pas les claviers en plastique (c'est ça, c'est le bois) et autres boîtes à rythme. Belle injustice quand on sait qu'APOCALYPTICA s'est contenté de relire les partitions des morceaux choisis pour son tribute alors que DIE KRUPPS a fait l'effort d'y incorporer une touche personnelle, ces fameux bips sonores tant décriés.

Un effort qui porte un résultat moyen, les textures manquant de profondeur et les vraies bonnes idées se faisant rares. Absence d'imagination et de prise de risque et choix des morceaux pas forcément très à-propos. Vivez dans votre tête un "Nothing Else Matters" version simili techno dépouillé des ses guitares et vous aurez compris que le mélange des genres ne constitue pas toujours un beau mariage. "For Whom The Bells Tolls" et "Enter Sandman" laissent naturellement un goût d'inachevé, faute à un mid-tempo qui ne colle pas au style.

Heureusement, "Blackened" et "Battery" s'en tirent avec les honneurs et permettent de se dire qu'on n'a pas seulement perdu son temps en écoutant cet objet à la pochette parodique du "Black Album" et donc un peu trompeuse. "Blackened" et "Battery", le retour de l'épilepsie, la volonté vraie d'industrialiser le propos, la fin de la timidité, une voix heureusement plus grimacée que précédemment et même deux, trois gimmicks bien foutus, des schémas travaillés qui sauvent intelligemment les meubles.

Retour au match APOCALYPTICA-DIE KRUPPS. Le premier souffre de son absence absolue de personnalité et de travail (les Finnois savent lire à vue), le second pâtit de ses plages tristes, trois boulets au pied contre deux succès ne parvenant pas à le voir décoller.

Résultat nul et un nouveau disque à écouter histoire de, rien de plus.