Ce que Star Ac' nous a surtout appris sur le monde de la musique sont que les routes menant vers le succès ou l'infime percée ou reconnaissance sont divergentes. Les raisons sont multiples : bonnes rencontres au bon moment, talent, marketing, argent, on peut extrapoler longtemps. Ce qui me fascine dans tout ça est que plusieurs artistes prennent du galon seulement après une décennie d'efforts, de défonçage de porte et de patience. De longues années à pratiquer, à sortir des EP pour espérer un jour endisquer un full-lenght et propager son essence aux quatre coins du Globe.

J'en ai croisé plusieurs de cette catégorie en 2009 et SARSEKIM (officier babylonien de Nabuchodonosor) est un des meilleurs exemples qui puisse étayer ma thèse. Formé en 1998, le quintette australien (décidément, le pays des kangourous a troqué le vin pour le Metal depuis quelques années !) a sorti en avril sa première rondelle Death Technique à forte attirance Prog. Et il l'a fait tout seul dans un bar d'Adélaïde, sans plus attendre après personne, pour enfin exhiber ce dont il est capable : hurler comme un damné et faire vibrer les tectoniques.

De son propre aveu, le groupe a été fondé avec l'idée de pouvoir chier n'importe quoi. C'est pas nouveau, on veut tous être distinct du voisin, non, on l'emmerde le voisin ! A l'écoute d'une pièce comme "Continuing The Torment Of Confinement", je peux parfaitement comprendre ; les Australiens entrent dans la famille des bestiaux Death Technique avec un casse-tête structurel qui groove et râpe aux quatre points cardinaux. Et ça goûte l'huile ce truc, pas l'arc-en-ciel en pâte à tarte style OBSCURA ou GOROD, deux formations superbes au passage. On se rapproche davantage de leurs concitoyens d'ULCERATE et leur Death de kevlar pistonné d'une rage propre étalée sans retenue malgré la complexité du jeu.

La technicité de SARSEKIM se pointe surtout dans un jeu de batterie très éclectique (la double est mise en avant et sonne parfois trop claire par rapport au reste, bourrin) et des incartades progressives qui permettent à Aaron Tuck et Darren McLennan d'insuffler quelques touches colorées (à la guitare sèche même sur "Divining The Vital Source" et "Sequestration") à travers un Death sans attaches, gras et léger à la fois. A noter qu'on perd parfois le fuzz fumant des guitares au profit de la basse, qui vient se foutre dans une marée montante bourrée d'anguilles électriques ? Elle forme un mur de défense impénétrable rendant les compos de SARSEKIM presqu'invulnérables. Encore aurait-il fallu protéger le contenu, pas la coquille…

L'année 2009 aura été faste en Death aux accentuations supra techniques et, pour une raison ou pour une autre, SARSEKIM sera passé sous le radar avec son premier album. La sauce est juste trop épaisse, le fan ne sait à quel diable se vouer. C'est regrettable, car des séances de gratte intensives comme l'instrumentale "Fragments Of The Unknown" et la longue et chamarrée "The Transition", font saigner les tympans tout en gardant un sens de la mélodie. Pas toujours facile en Death de cette école, mais les Australiens y arrivent en oscillant constamment entre le headbang primitif et l'expérimentation.

Ce qui en fait un membre à part entière de ce club de bestiaux techniques qui n'en ont rien à battre des conventions et du jeu carré, rectangulaire, rond ou octogonal… ou des effusions de sentiments qui n'intéressent personne de toute manière.

Note : 3,5/5.

Top : "The Consummate Destroyer", "The Transition", "Noxious"

PS : allez voir leur site web, ça vaut la peine. C'est noir, mais ça bouge dans tous les sens… à l'image de leur musique !