A-t-on fait le tour du Death/Viking Metal déjà ? Ne me dites pas que ce style épique et farouche tire de la patte et se fusille le lobe temporel ?! Bon, je peux sonner alarmiste, mais à l'écoute du premier album des jeunes pousses helvètes d'Yggdrasyl réunis sous le très poétique nom SEAWOLVES, "Dragonships Set Sail", sorte d'AMON AMARTH en carton pâte, je me suis tragiquement posé cette question existentielle. Car cet opus, mes chers amateurs de batailles sanglantes racontées à grands renforts de riffs mabouls et de passages symphoniques et traditionnels, est d'un ennui s'approchant de la légende.

Soyons presqu'indulgent : le quintette n'en est qu'à la première lézarde sur sa coque. Il a au moins le mérite d'avoir essayé, violon à l'appui, de nous partager sa passion. Avec une production et des moyens limités, nul besoin de vous le dire, vu l'enthousiasme grandiose qui me traverse. Tels des collégiens pleins de volonté, ils nous « gâtent » durant 32 minutes, le temps de sept compos (dont une instrumentale en intro qui est pas mal je dois avouer), à croire que cet album est en quelque sorte un EP gonflé. Rien de perforant ni de transcendant, le feeling reste superficiel, comme la brise soufflant dans leur grand' voile.

SEAWOLVES n'est soit pas dans la bonne époque ou manque cruellement de pêche pour retenir l'attention. Les standards de qualité en Death/Viking/Heavy épique, ce que vous voulez, sont trop élevés en 2009 pour que les Suisses aient la moindre chance. S'ils continuent sur cette voie du moins, je ne dis pas qu'ils n'ont pas de talent ou de potentiel. Les grattes Death roucoulantes sont évidemment faiblement calquées sur AMON AMARTH pour un rendu «ok» mais pas «k.o.», y'a pas à discuter des heures. La basse vrombit généreusement, la voix de brute précoce de Roman Friedrich fait le boulot, mais les fûts sont trop mis en avant pour rien et le violon de Severin Schürch semble parfois surfer seulement sur les notes de ses compagnons de guerre. Un exemple parmi tant d'autres d'une mauvaise utilisation de ses moyens…

La liste des bons coups de ce "Dragonships Set Sail" est aussi courte que sa durée. Aucun titre ne se distingue de cet alignement gris, fade et triste, à part peut-être la pièce-titre au groove intéressant. Les zicos ont sans aucun doute misé sur la retenue, comme si c'était un choix plausible ! Et pourquoi ne pas avoir sorti la guimbarde plus tôt qu'à la toute fin ou une autre distraction, des soli !? Ça nous aurait changé un peu de la mollesse tapissant les six pistes chantées ! Six morceaux entendus des millions de fois, de là mon intro suicidaire. On est à des années lumières des BATHORY et THIRFYNG, qui comptent parmi leurs influences principales, musicalement et textuellement…

En fait, au lieu de nous effrayer de sa virilité de Viking mal léché, SEAWOLVES nous fait sourire. Le genre de sourire adressé à des enfants en train de jouer, de se défouler, de courir après leur copain, la gueule ouverte de plaisir. Les Suisses sont ces gosses, beaucoup trop jeunes encore pour espérer perdre leur jeunesse grâce à leurs efforts. Et ce n'est pas en nous offrant des dessins de son cru comme sur la pochette, certes représentative de l'imagerie couchée sur le disque mais enfantine comme c'est pas possible (est-ce une peinture, un dessin ?, on voit les traits de crayon ou de pinceau – que c'est UG tout ça !), que SEAWOLVES nous réconciliera avec le Death Mélo à la sauce Heavy/Viking. La montagne est haute et la fin du monde est trop proche pour attendre après l'ascension, non ? Haha !

Bref, je serai aussi généreux que les grattes : 2/5. Ce qui est pas mal.