Vous savez, parfois je me demande pourquoi je me fais chier à écrire des chroniques… N’entendez pas par là que je sous-entende qu’il s’agisse d’un exercice inintéressant, mais il arrive que l’on se trouve complètement con face à notre feuille. Il peut y avoir plusieurs raisons à ce problème : le manque d’inspiration tout court ou le manque d’inspiration qu’inspire le disque. Vous n’avez pas compris ? J’ai un exemple tout trouvé, il s’agit de l’EP "Holy Cancer" de KEHLVIN.

Le problème est simple à résoudre : si j’étais une grosse feignasse ou complètement aigrie, je me serais contentée de faire un copier/coller de ma chronique de leur album "The Moutain Daylight Time" et j’aurais filé un 2/5. Le concept du manque d’inspiration qu’inspire le disque devient plus clair.

Que ce soit à l’échelle de la formation ou plus généralement du Postcore, "Holy Cancer" n’a donc rien de révolutionnaire. En même temps, il s’agit d’un EP, ce n’est peut-être donc pas la peine de chercher l’originalité à tout prix. Il suit la même logique que le frère aîné : il officie dans un Postcore rouleau compresseur à la puissance monstrueuse. Les Suisses peuvent d’ailleurs se targuer d’avoir des influences hardcore beaucoup plus importantes que la majorité des groupes du mouvement (qui n’en ont pas ou peu).
Et s’il n’y a rien de bien neuf sous leur soleil, on appréciera toutefois l’efficacité qu’ils arrivent à imposer malgré la longueur des compositions : riffs monolithiques, rage primitive qui se dégage du chant, alternances entre les parties chaotiques/calmes toujours très bien construites… Ils savent très bien comment nous faire adhérer à leur musique. Seulement trois véritables pistes constituent la galette : le grand-huit "Le Barnacle (Love Will Never Be Enough)", le bloc massif "God As A Mere Intentional Object" et le plus classique "Atheist Hope". A elles trois, elles montrent la capacité qu’a le groupe à alterner avec les ambiances, ainsi qu’à puiser dans des émotions enfouies au plus profond de nos entrailles. Car c’est ici que tout leur talent s’exprime : dans cette propension à générer des sentiments extrêmes, à décupler notre rage ensevelie, à assaillir nos oreilles de rythmiques dévastatrices absolument jouissives. En terme de puissance, ils vont beaucoup plus loin que CULT OF LUNA, c’est dire à quel point la machine en impose.

Si bien évidemment cet EP n’aura de l’intérêt que pour les fans du groupe (et pour le DVD en bonus), le savoir-faire du tour de main lui confère un plaisir sûr à l’écoute. Il reste cependant certain que l’on peut se demander quelle direction ils vont prendre pour la suite, car si réutiliser une recette qui marche est appréciable un temps, la lassitude gagne vite du terrain. Et là, on est franchement en droit de se poser la question… et au prochain coup, le manque d’inspiration se traduira par un vrai copier/coller.