Ce n’est pas comme si les sorties Death manquaient cette année, non ? Après l’émergence en force du Slam Death et la continuation du Death Mélo dans son alcôve, les formations officiant dans le bourrinage plus classique léché aux épices et « artifices » renouvelés se succèdent à un rythme effarant. Depuis le début de l’année, citons seulement les derniers CANNIBAL CORPSE, PESTILENCE, LAY DOWN ROTTEN et JOB FOR A COWBOY, de quoi réjouir à tous les mois le fan de tapage nocturne aucunement subtil.

Le Death de AS YOU DROWN est dans cette veine, il est « typiquement moderne ». J’entends par là un Death carré, à la production colossale, sans égratignure, un Death aux riffs arrondis et incisifs qui hurlent leur colère à chaque gratte. Impossible de ne pas songer à leurs compatriotes de BLOODBATH ou les non moins connus DECAPITATED. Ces influences évidentes se répercutent non seulement dans les compos, mais aussi dans l’écriture ("Driven By Hatred", "Open Wound Salvation"), dans laquelle les lueurs ensoleillées se font rares. La rouille, le cuir et la terre vous attendent plutôt au tournant de ce court album de 34 minutes…

Les Suédois ne réinventent pas la roue, ils se plagient même, en répétant un peu le même concept de plage en plage. C’est direct, vengeur et salement efficace. Mais ça tourne en rond au bout de quelques écoutes, sans soli ou mélodies décoiffants. M’enfin, pour un premier album, ça frappe fort ! Dès que les notes de "Ruins And Dead Ends" enfilent, un coup de vent secoue le casque, brise qui ne se reposera qu’au très bon interlude "The Last", afin de se relever plus vigoureusement jusqu’à "Needles". Le tout crachant une purée assez uniforme, répétons-le pour que ce soit clair.

En plus d’offrir des morceaux-massue fidèles aux standards de qualité du fan de Death le plus difficile, AS YOU DROWN récolte ce qu’il a semé ; après avoir sévèrement bourlingué depuis 2003 (changements de line-up et de nom, sortie de deux simples), c’est la récompense ultime pour lui. Une poignée de main s’impose pour féliciter cet entêtement, pas un baisage de main.

Vous savez donc ce qui vous attend, vous connaissez la chanson. AS YOU DROWN est un jeune groupe, formé alors que les musiciens n’avaient que 17 ans. Ils sont aujourd’hui dans la mi-vingtaine et saignent tout ce qui bouge avec cette immanquable innocence débridée des poulains. Que ce soit derrière les guitares de Mikael Åkerström et Simon Exner, les fûts de Martin Latvala ou la voix énorme et horriblement énergique de Henrik Blomqvist, AS YOU DROWN a la pêche nécessaire pour que les ENTOMBED de ce monde les acclament.

La consécration pourrait bien être de la carrière des Suédois s’ils poursuivent sur cette voie, en laissant à chaque odyssée quelques morceaux de leur confortable carapace fracassée en bordure de chemin. On pourra compter sur eux dans le futur (cliché, mais vrai), Metal Blade ne leur a pas fait confiance pour rien. On n’entre pas chez un label majeur comme au marché du coin.

Note réelle : 2,5/5.