Après l’ouragan Katrina, la tempête de sable, l’avalanche de rabais à votre supermarché préféré, les chutes vertigineuses de température explicables soit par l’évolution normale de notre planète ou l’activité humaine anormale, l’orage de colère de Patrick Roy devant ses soporifiques collègues politiciens conservateurs, voici le tsunami de sang. Groupe de Thrash norvégien, sans Black ajouté, comptant maintenant deux démos, un EP et deux albums, dont ce "Grand Feast For Vultures", au titre et à la pochette d’une prose impeccable et recherchée (ouais, ouais), mes chers amis nightfalliens. Quand on toise ce squelette dont il ne reste qu’un lambeau de chair pour satisfaire les corbeaux, on a envie de faire la fête, non ? Surtout quand du Thrash grassouillet à tendance progressive et old school est au menu dans le stéréo et que les femmes ont envie de thrasher en formation « tsunami » au beau milieu du salon avec leurs talons aiguilles…

La première chose qui frappe avec ce festin pour charognes est sa longueur : plus de 50 minutes de riffs pour sept plages. C’est du Thrash, je vous le rappelle. BLOOD TSUNAMI offre donc un curieux skeud, composé de cinq morceaux plutôt accessibles bien que vachement fournis pour sa tête et son corps, ainsi que deux ovnis de 12 et 10 minutes pour sa queue. Deux longues et progressives processions qui, vous vous en doutez bien, écument dans tous les sens pour clôturer ce tourbillon. Un duo plus lent et inégal que les cinq bombes de départ qui permet de discerner une certaine virtuosité de la part du gratteux Dor Amazon, qui s’élance parfois pour d’interminables minutes dans des soli plutôt sympas. Le combo avait déjà exploré cette voie sur son effort initial, "Thrash Metal", à l’imagerie toute aussi subtile.

Ce qui retient toutefois l’attention dans le jeu complet et complexe des Scandinaves est leur côté « raw », « dans ta gueule » comme sur l’infernale pièce-titre injectée de folle violence en boîte, qui n’est pas sans rappeler les années très rebelles de SLAYER ou DARK ANGEL, et qui est une suite parfaite à "Castle Of Skulls", qui lance la première coupante pierre. BLOOD TSUNAMI enchaîne ensuite avec "Personal Exorcism", grêlon de huit minutes au beat lourd et écrasant entrecoupé d’un incontournable solo sur une rythmique bien assurée notamment par la basse de Bosse. (La basse de Bosse… huhu).

Mais bon, on n’a pas qu’un criard capable en Pete Evil ou des accordés de tous les diables, on a un vétéran derrière les fûts : on retrouve avec bonheur l’hétéroclite Faust, qui a entre autres officié avec EMPEROR sur le légendaire "In The Nightside Eclipse" et l’imbuvable ZYKLON. Il s’en sort bien, entre autres sur l’excellente "Laid To Waste" (rien à voir avec celle de BOLT THROWER).

"Grand Feast For Vultures" est un bon disque. Solide du haut, il offre variété, technique et défoulement, bref tous les ingrédients nécessaires à un Thrash de haute volée qui provoque torticolis et maux de tronche. Or, le « bas » blesse ; les deux casse-tête cités plus haut jettent de l’eau dans le feu avec leur approche trop Prog. Qui dit trop Prog dit difficulté de bien saisir la démarche ou l’objectif du groupe ; ardu de relier ces titres au reste, pondus autour de la mort, la déchéance et la souffrance. Bizarre et imprévisible. Ces deux qualificatifs sont souvent synonymes de réussite en Metal, mais ici, ils déséquilibrent un alignement qui aurait dû être blindé du début à la fin. C’est à se foutre la tête contre les murs !

Le fossé entre "Grand Feast For Vultures" et "Eceladus Rising" est si profond qu’il engouffre les espoirs du groupe à recevoir quatre étoiles de ma part. C’est donc avec une semi-déception que je me tape le début en boucle en snobant la fin… Espérons que vous ne m’imiterez pas !