Comment procéder pour décortiquer ce disque et cerner toute la finesse des morceaux ?
C’est très simple : on ne peut pas.

Le magma de cette fusion perpétuelle laissera septique les plus aventureux d’entre nous.
Mais il faut bien remarquer que ORCHIDECTOMY sait se faire aimer.


La guitare de l’ami Tom, chauffe dans un bain de lave, rougi par les assauts du médiator. Celui-ci travaille rudement la surface des cordes tendues et distordues par la mécanique violente et musclée du geste, renforcé par cette ambiance de mort à la forte odeur d’éther. La basse de Zumlahr (le dieu du lard, très certainement) accroche ses cordes épaisses aux griffes acérées de son partenaire dans un joute rythmique voisine du Slamming Death.
Ce même partenaire (Tom donc) mute sous les traits d’une créature complice d'un monstre nécrophage (Justin) qui dégueule copieusement dans le micro en jouant sur toutes les facettes de la modulation et de la transformation buccale, tout en persistant dans les basses fréquences et le style vomitif approprié.
Tel un T1000 donnant l’assaut, Alfie derrière les fûts, expérimente toute l’étendue et la puissance de son instrument, passant allègrement, avec dextérité de 120 à 360 bpm. Ce qui donne lieu à d’impressionnants passages. Surfant toujours sur la même base rythmique de cet éternel ressac, inondé de viscosité buccale qui coule et déborde sur l’ensemble des titres.


D’une lourdeur assez stupéfiante, le mix bannit les hautes fréquences. La devise du combo semble être la suivante : plus c’est caverneux, mieux ça vaut. De ce fait, l’orchestre éteint les lumières, fait bouillir la marmite, fracasse des barils (ou des gueules, c’est selon), vomit dans un siphon. Le liquide bileux s’écoule lentement, munit de toutes ses aspérités ragoûtantes qui nous clapotent aux oreilles. C'est sympathique...


ORCHIDECTOMY est définitivement passé de l’autre côté de la frontière, celle qui sépare le réel musical du surréalisme bruitiste. Tout déboule tellement à vitesse grand V, sans que l’on n’ait le temps de saisir quoique ce soit. Comme nous démontre le furieux « Deifying Anthropomorphic Ruin » qui est un exemple parfait du caractère incontrôlable de tous ces participants au massacre auditif.
Cela n’empêche aucunement le quatuor de Toronto de bâtir un fil conducteur, une atmosphère bien spécifique. Le prélude au massacre est amorcé par la voix-off du titre « Debridement » (qui porte bien son nom), instaure un climat moite et épais dès le départ. Le final de « Seraphic Abhorrence » prend des allures de messe noire avec ce carillon qui retentit au loin. Signe annonciateur de l’apocalypse.
Ces moments éparses d’accalmies permettront à l’auditeur de respirer sans crier ouf pour autant car le tout reste extrêmement brutal.


Verdict : Un expérience intrigante par son ultra violence et charmante par son groove animal. Avis aux amateurs de sensations fortes.


Note : 3/5 bien tassé, bien gras.