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2005 Reality
 

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WINGDOM - Reality (2005)
Par BAST le 7 Mai 2009          Consultée 1689 fois

Tout avait pourtant bien commencé. Formé en 1998 par Mikko Harkin (clavier, ex-SONATA ARCTICA) et Jukka Ruotsalainen, rejoint juste après par Alessandro Lotta, le bassiste fraichement débarqué de RHAPSODY pour divergences de point de vue féministe, et enfin repéré puis signé par Timo Tolki sur son label High and Loud, on aurait pu parier un resto chicos avec un ami généreux sur l’avenir radieux de WINGDOM en se caressant d’avance la panse.
Mais la nouvelle est tombée deux ans à peine après la sortie de ce premier album : « Reality » aurait un double privilège, celui de débuter et terminer à la fois la pérégrination brève des finlandais au sein de la scène heavy prog. Aucune raison n’a été donnée, d’autant qu’il était même question d’un second LP dont les titres, prêts et sélectionnés, allaient prochainement rafraîchir le lecteur MP3 de leur page MySpace.

Dommage, vraiment. « Reality » était une bien jolie promesse. Il suffit de jeter une oreille distraite sur les premiers morceaux pour s’en convaincre. Distraite, sans connotation péjorative. C’est juste qu’aucune attention particulière n’est nécessaire pour discerner deux paramètres. Le premier, le style heavy prog qui emprunte à DREAM THEATER sa rythmique (délestée de quelques attributs tout de même) et aux formations finlandaises de heavy/prog leur son, avec cette production immédiate, épaissie aux nappes de clavier et sucrée. Le second tient aux qualités éparpillées avec brio sur l’album. « Reality » a tout ce qu’il faut, là où il faut.

Un chanteur charismatique, pour engager les présentations. Bien en place, plutôt puissant et surtout touchant, Sami Asp, puisque c’est de lui qu’il s’agit, marque cet album d’une voix assurée (« The Essence », « Lighthouse Pt2 »). Un timbre qui m’évoque un Dirk Thurisch (ANGEL DUST) à la voix subitement éclaircie. Un guitariste inspiré, pour continuer, et nettement moins tape-à-l’œil que peuvent l’être certains de ses confrères. Ici, les soli sont riches mais pas toujours démentiels de technicité, garnissent sans bourrer, accompagnent sans imposer leur itinéraire (« Time », « Marionette », « Lighthouse Pt2 »). Autre acteur a qui l’on doit ces belles réjouissances, le claviériste, lui qui se distingue par son refus intraitable d’une facilité pourtant légitime, celle de sonner comme sa formation précédente SONATA ARCTICA (histoire d’attirer à moindre frais le chaland hésitant n’est-ce pas). A part quelques passages (restons honnêtes), que nenni. Les interventions du bonhomme n’ont rien d’une résurgence, même masquée ; nappes veloutées, successions en arrière-plan de quelques notes placées là afin de disposer les ambiances qui vont bien (« Time », « Where Do We Go »), Mikko Harkin nous confronte à une autre façon de caresser un clavier.

Du côté des morceaux, deux camps. Le premier presque déserté, celui monté par « Marionette », titre dont on sent plus qu’on ne perçoit une volonté de bousculer et « Never Stop » qui éprouve des difficultés à s’élancer, comme un élan pris loin en arrière et une course brisée au moment de sauter.
L’autre camp affiche les plus belles animations. « A Sigh of Despair », par exemple réussit à l’endroit où « Marionette » avait échoué. Ici, WINGDOM pousse une gueulante qu’on n’ose pas contester. Dans un autre registre, « The Essence » et ses lignes de chant délectables, la ballade « Everyday », poignante et le final « Lighthouse » décliné en deux temps. Un premier assez lourd et une suite qui étale de nombreuses idées sur un rythme varié. Par contre, un seul et unique bilan, l’ensemble propose des mélodies puissantes ou caressantes, poussent les flux nerveux du cerveau d’un hémisphère à l’autre.

Des solistes qui n’en font pas des tonnes (les monologues enflammés, notamment, dont le terme intervient avant même qu’on n’émette l’idée qu’il serait temps qu’ils s’arrêtent, si vous voyez ce que je veux dire), voila probablement le meilleur choix fait par les finlandais car les conséquences se font rapidement sentir. Une économie de poudre aux yeux qui va jusque dans la longueur des titres dont la moyenne flirte avec les cinq minutes, même en comptant le final deux fois plus long. Avec cette durée mesurée et ces plans concis en suffisance, les titres s’égrènent sagement, posant dans la balance des portions égales, soli ou riffs, lignes de chant ou refrains. C’est le point fort de WINGDOM, celui d’avoir posé « Reality » sur des bases claires et disséminé des repères aisément identifiables.
En cela, je ne critique ni n’encense quelque scène que ce soit. C’est davantage une description qui laisse entrevoir à ceux que la frivolité des performances de jonglage et autre tricot supersonique ébranlent qu’il y a probablement plus intéressant ailleurs. A ceux qui par contre apprécient des groupes à la REQUIEM, heavy gentiment prog et pop à la fois, WINGOM et son unique essai offrent matière à se trémousser.

Un premier et dernier album qui fonctionne vraiment bien, oui. Avec une telle entrée en matière, restera un gros regret, celui de ne pas connaître de successeur. WINGDOM disposait d’un potentiel éclatant, j’aurais parié sans hésiter sur une suite plus forte encore. Un repas ou autre chose, les risques n’auraient de toute façon pas été de mon côté.

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   BAST

 
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- Sami Asp (chant)
- Jukka Ruotsalainen (guitare)
- Mikko Härkin (claviers)
- Alessandro Lotta (basse)
- Markus Niemispelto (batterie)


1. Time
2. Where Do We Go
3. Marionette
4. A Sigh Of Despair
5. The Essence
6. Everyday
7. Never Stop
8. Tomorrow
9. Lighthouse
10. Lighthouse Pt2



             



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