Au Brésil, WIZARDS est une formation de heavy metal populaire. Témoin en est le recrutement opéré récemment par SHAMAN à qui Leo Mancini et Fernando Quesada sont venus prêter main forte. Pourtant, au-delà de ses frontières, WIZARDS n’est rien. Une petite crotte insignifiante dont quelques amateurs s’évertuent à vanter les qualités. Comme je l’ai fait au moment de la sortie de « The Kingdom ». Et comme je le fais avec sa suite.

Et avec beaucoup de retard aussi, d’ailleurs. Mais j’ai une excuse. En crotte qu’il est (en-dehors du Brésil, si vous avez bien suivi), WIZARDS ne prend la peine d’informer que les médias locaux. « The Kingdom II », je n’en ai eu vent que récemment. Une excuse à laquelle vient se greffer un autre paramètre : WIZARDS opère un virage inattendu. Après un heavy épique empruntant beaucoup de sa moelle à HELLOWEEN, le voilà désormais en train de batifoler sur un terrain de jeu résolument hard. D’un autre côté, « The Kingdom » avait montré ce visage-là. Mais il n’était pas majoritaire, au contraire de ce second volet.

On note tout de même une vélocité conservée par moments (« To Believe », « By Surprise »), des guitares affirmées (« Slave ») et un clin d’œil évident au happy metal d’HELLOWEEN sur « Hei Doc ». A vrai dire, l’évolution consentie est surtout marquée par les lignes de chant charnues et gorgées de soleil desquelles l’aspect fédérateur a été nettement atténué. On est vraiment très proche des formations hard. Un registre qui colle du reste à merveille au timbre chaud de Christian Passos, chanteur qui mérite à lui seul le détour tant il est doué (on le retrouvera d’ailleurs au sein de SOULSPELL, l’opera metal initié par Heleno Vale et dont l’une des particularités a été de faire participer un chanteur via un concours).

Si « The Kingdom » m’avait fait forte impression, son successeur n’est pas en reste, quoiqu’un reproche pesant ampute d’une étoile la note à laquelle il aurait pu prétendre. Long d’à peine plus d’une demi-heure (pour dix morceaux), « The kingdom II » manque de matière. A part cet aspect impossible à passer sous silence, le cinquième opus de WIZARDS se distingue grâce à un très bon niveau. « Slave », niché quelque part entre SKID ROW et HELLOWEEN, l’intense « Bipolar Mind », la somptueuse ballade « Nobody Else » ou encore le décomplexé « Hei Doc » en sont de fringants exemples. La production, autre manifestation des moyens importants dont dispose WIZARDS est à son avantage, avec des guitares percutantes et un chant très bien mis en valeur. Vraiment, avec deux titres supplémentaires, WIZARDS aurait pu prétendre à mieux.

Un album que je recommande. Parce que les compositions se montrent accrocheuses et adroites, parce que le chant de Passos est un régal. Et comme bémol, je le répète, une consistance insuffisante qui met en difficulté « The Kingdom II » quand on le soumet au temps. Si vous ne connaissez pas le groupe, débutez par son prédécesseur.