Un disque épique, une oeuvre tragique, un opus magique...
Avec ce Spicilège de BELENOS, nous voici plongés dans l'univers, parfaitement retranscrit, de l'épopée celte et de la Bretagne mythique... Avec des riffs typiquement français, des lignes mélodiques pourtant déjà éprouvées, Loïc Cellier le troubadour arrive à nous concevoir une oeuvre au-delà de tout mot, qui frappe de par sa beauté, de par son inspiration, de par son dynamisme. Cette oeuvre est un hymne au passé, aux hommes héroïques, à la magie, la poésie et à la bataille... Qui ne connaît pas BELENOS, et apprécie des oeuvres comme Metamorphosis d'ANGMAR, The Dawn of the Dying Sun des Norvégiens d'HADES, Ghost of Heritage de WINTERFYLLETH et Celts de MORRIGAN trouvera assurément son compte dans Spicilège. Bizarrement, j'y ai retrouvé aussi quelques effluves de JUDAS ISCARIOT. Mais bon, BELENOS a son style, et ces références ne sont que des... références. BELENOS ne copie vraiment pas.

Ca n'est qu'après insistance de la part d'une de mes connaissances que je me suis mis à écouter ce Spicilège. Pour en fin de compte, l'adopter dès la seconde écoute. "Pourquoi ai-je attendu si tard ?" me suis-je demandé et me demanderez-vous, lecteurs inconnus. Quand j'y réfléchis, la même réponse revient, comme à chaque fois que je me pose la question : le buzz. En France, le public Black Metal fonctionne de façon primaire. On édifie très rapidement un album au rang d'incontournable et hop, en quelques temps, le disque puis le groupe deviennent "cultes". C'est bien dommage, car les deux tiers de ces opus-là ne le valent pas. C'est pourquoi je me suis longtemps méfié de BELENOS, mais aussi d'EMPEROR ou de BURZUM par exemple. Par ailleurs, j'apprécie écouter un album bien après sa sortie.

Une dernière raison, que j'ai évoquée dans la deuxième phrase de cette chronique et qui me rebute énormément, consiste dans le "riff typiquement français". Comme on reconnaît facilement un riff de Black Metal norvégien, polonais, ukrainien ou étasunien, la France possède ses riffs facilement reconnaissables, qu'ont beaucoup contribué à développer les formations originaires des régions parisiennes, lyonnaises et lilloises... Loïc Cellier vient du Nord de la France, comme moi, et j'ai reconnu en ses riffs cette empreinte si caractéristique. Néanmoins, le riff Black Metal français a ses qualités et la France possède des formations majeures dans ce genre. BELENOS en fait incontestablement partie.

Pourquoi ai-je donc tant apprécié Spicilège, après l'avoir tant évité ? Avant tout, pour la qualité de ses riffs. Ils sont magnifiquement recherchés, sacrément inspirés. Loïc parvient avec une magie certaine à évoquer en moi un large panel de visions très imagées de ce que peut être le monde celte dans toute sa splendeur.

Je vois des hommes simples, mais fiers.
Je vois des poètes, mais des guerriers.
Je vois des terres vertes, mais âpres à vivre.
Je vois des êtres magiques dans chaque clairière, et des ondines sur les flots des eaux...
Je vois la mer, respire l'embrun et l'iode, j'entends le vent, je le sens, frais, hurler dans mes oreilles et mon corps respire au gré du reflux ancestral des vagues venant se répandre sur les plages de graviers et de galets.

Les mélodies sont vraiment mélodieuses – j'aurais du mal à dire pourquoi je dis cela ; peut-être parce que tant de groupes de Black Metal mélodique, sous-genre que je déteste, ne sont pas vraiment mélodiques, comme Belenos l'est – et se retiennent facilement. Par ailleurs, l'exécution est splendide, Loïc est un as de la gratte et il démontre tout son désir de perfection. Enfin, si je passe rapidement sur la voix de corbeau bien acceptable, le travail du batteur Marc Devillers, lui aussi inspiré et juste, parfait l'ensemble. Son jeu est totalement adapté et ressenti et l'homme frappe avec précision et rapidité, s'adaptant aux parties de guitares qui se succèdent, tantôt dans la vitesse, tantôt dans la pesanteur. A ce propos, Loïc insère des morceaux de guitare sèche.

BELENOS semble être la voix des anciens dieux, des anciens temps qui persistent et n'abandonnent pas face aux sociétés destructrices dans lesquelles nous vivons. Ce "Brutal Pagan Dark Metal" veut tout dire dans son appellation : brutal, épique, sombre. Le plus étonnant dans l'histoire est que ce Spicilège rassemble des titres de toutes époques, mis de côté puis retravaillés : c'est dire le talent et la cohérence de ses auteurs. Réellement indispensable. Merci Loïc.