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1985 Amnesty
1987 A Life Of Crime
 

- Membre : Ministry

ZOETROPE - A Life Of Crime (1987)
Par SHUB-NIGGURATH le 31 Janvier 2009          Consultée 2436 fois

ZOETROPE n’était plus à un paradoxe près. Soucieux de préserver l’image interlope qu’ils avaient souhaité donner de leur groupe deux ans plus tôt avec Amnesty, Barry Stern et Kevin Michael s’efforcent à nouveau de brouiller les pistes et d’envoyer des signaux pour le moins contradictoires. Le batteur iconoclaste et le talentueux guitariste ont en effet imaginé là un drôle de puzzle, d’apparence fort simple, constitué de pièces aux contours presque rudimentaires mais dont l’assemblage obéit à une logique qui m’échappe encore un peu.

La pochette, il est vrai bien plus originale que la précédente, voudrait encore donner à croire que la ville de Chicago demeure essentielle au style de ZOETROPE. Dommage que le format CD ne permette plus d’apprécier à sa juste valeur l’étonnant trombinoscope anthropométrique qui, au format 33 tours, valait le coup d’œil en associant ainsi les membres du groupe aux illustres figures de la pègre locale. Les yeux les plus affûtés auront toutefois constaté un changement dans le line-up, où le visage de Louie Svitek remplace celui, attendu, du premier guitariste Ken Black. Les apparences sont sauves malgré tout puisque le premier est lui aussi issu de Chicago et le second, aux dires de Kevin Michael, n’a quitté la formation qu’à l’issue de la session d’enregistrement de l’album. Louie Svitek officia réellement lors de la tournée promotionnelle qui s’ensuivit, soit le temps suffisant pour être repéré puis débauché par Billy Milano et rejoindre M.O.D.

A vrai dire, le rapport entre ZOETROPE et Chicago n’était pas des plus évidents sur Amnesty et l'est moins encore avec A Life of Crime. L’album a entièrement été enregistré à Los Angeles et produit par Randy Burns alors connu pour avoir participé à la réalisation, excusez du peu, de Peace Sells… de MEGADETH. Tout semble maintenant indiquer que ZOETROPE a enfin accepté de plonger dans le grand bain du thrash metal made in California et cessé de dissimuler un gros bazar hardcore derrière le miséreux cache-sexe de street metal.

Un espoir vite douché à l’écoute de « Detention ». Des riffs simplifiés à l’extrême, une linéarité et une construction franchement bateau augurent mal d’une rénovation en profondeur d’un genre qui persisterait donc dans l’approche thrash minimaliste. La rythmique cadencée par la frappe mécanique et le chant désespérément monocorde de Barry Stern tend à craquer la même toile de fond hardcore qu’auparavant, élimée jusqu’à la corde. Une accroche remuante, certes, mais à la complexité nulle et qui aurait ceci de nouveau que ZOETROPE paraît maintenant entièrement assumer cette stricte sobriété, voire sciemment se limiter à la recherche d’une toute bête simplicité. Ou peut-être essayé-je de trouver quelque intérêt à ce qui ressemblerait vaguement à du NUCLEAR ASSAULT (Randy Burns oblige !) privé de toute brutalité. Il n’empêche, le travail accompli ici par le producteur conforte autant qu’il induit cette idée, telle que je la ressens encore aujourd’hui. Le son, résolument professionnel, est propre, lisse, froid, compressé. Un son neutre, en quelque sorte, qui veille à maintenir un équilibre compact en privant les guitares du tranchant normalement attendu en la matière. Et ce qui aurait logiquement pu ou dû devenir un empilement de blocs sans âme devient étrange tableau éclectique auquel la production donne une parfaite homogénéité.

Personne, en effet, ne sera surpris d’entendre la base de départ gagner en nervosité sur « Unbridled Energy », qui vaut surtout pour la performance jeu bourrin / chant primaire de Barry Stern, ni se sophistiquer davantage pour revêtir avec « Prohibition » les atours d’un thrash finalement présentable. On s’étonnera peut-être davantage de la soudaine accélération lâchée, en appui du solo, par « Promiscuity » et qui copierait, à l’exception de la puissance, ce que commençait de faire SEPULTURA (pour ne pas dire DEATH). Une petite fantaisie qui ne fait pas pour autant perdre le fil de l’ouvrage.

Ce qui laisse perplexe, par contre, c’est la facilité et le naturel avec lesquels ZOETROPE parvient à se dépouiller de ses attributs thrash / punk pour dégrossir à sa manière des thèmes plus imprévus. Le rapide « Seeking Asylum » s’applique ainsi à expurger de toute tentation épique un heavy metal bas du front à la MANOWAR. Curieusement, la facile ligne mélodique qui le guide n’en est que plus entraînante, et le duel que s’y livrent des solos gorgés d’un feeling lorgnant vers JUDAS PRIEST, remarquable. A l’inverse, « NASA » envoie un heavy plus pesant qui permet d’apprécier des paroles pour une fois « inspirées » relatant le drame de la navette Challenger. Un mid tempo efficace qui démontre que c’est finalement dans ce type d’exercice a priori contre nature que ZOETROPE est le plus à son avantage. Constat que confirme le petit détour vers le heavy/hard US effectué avec le solo planant de l’intro et les sonorités rock aiguës de « Company Man », puis le plus complexe et diablement groovy « Pickpocket ».

On laissera volontiers au groupe le soin de conclure ce vagabondage par le speed metal virevoltant de « Hard do Survive ». Barry Stern et Kevin Michael se sont de toute évidence contentés d’exprimer la superficialité des idées qu’ils ont caressées au cours de leurs pérégrinations à la recherche de leur propre style. Bah ! C’est une jolie façon d’admettre qu’ils ne l’ont pas trouvé. Et puis, allez comprendre, A Life of Crime sonne finalement comme le plus abouti des trois albums de ZOETROPE.

Non, vraiment, ZOETROPE n’était plus à un paradoxe près…

Note 3,5 (subjective) ou 2,5 (objective). Disons 3/5, alors…

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   SHUB-NIGGURATH

 
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- Barry Stern (batterie, chant)
- Kevin Michael (guitare)
- Louie Svitek (guitare)
- Calvin Humphrey (basse)


1. Detention
2. Seeking Asylum
3. Promiscuity
4. Nasa
5. Unbridled Energy
6. Prohibition
7. Company Man
8. Pickpocket
9. Hard To Survive



             



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