Quelqu'un m'a soufflé que "4 Of A Kind" était le meilleur album de D.R.I. Et quelqu'un avait raison. Il a pourtant beaucoup mouliné avant de me convaincre. C'est un peu normal, quand on ne connaît pas et qu'on veut faire vite, on s'attache à la forme, un bon raccourci, parfois trompeur.

Qui ne connaît pas D.R.I. a devant lui deux portes d'entrée vers le royaume des p'tits gars de Houston :
"Crossover", un titre historique qui sent bon le cuculte.
"Thrash Zone", un titre qui attire le regard et qui a le mérite de dire la vérité.

Alors, on s'intéresse et on tente la double expérience. On vérifie sur Internet qui nous confirme qu'on a fait le bon choix.

Seulement, Internet aussi s'est laissé berner. Et n'a pas toujours ouvert les boîtiers. Car si D.R.I., une fois son gimmick trouvé, n'a jamais grandement modifié sa formule musicale, cela ne l'a pas empêché d'être plus ou moins bon selon les années. Et manque de bol, quelques-uns des meilleurs riffs du groupe se trouvent gravés sur "4 Of A Kind" qui aura raté sa carrière à cause d'un titre au jeu de mots vieux de 12000 ans, à la pochette presque aussi vilaine qu'un disque de hardcore lambda.
Dieu merci, ce ratage ne change en rien la face du monde. D.R.I. qui, admettons-le n'aurait jamais quitté une seconde division qui lui convient de façon naturelle s'il n'avait été le premier (ou le premier et demi, je vois les CRUMBSUCKERS qui lèvent le doigt au fond à côté du radiateur) groupe de hardcore à visiter le monde du thrash, n'est jamais monté suffisamment haut pour qu'il descende trop bas. A savoir, même au meilleur de sa forme, le quatuor texan ne dépasse pas de plus d'un quart de tête ses prestations moyennes. Et "4 Of A Kind" est à peine supérieur à ses deux congénères largement plus connus et estimés du monde entier.

Oui mais tout de même…
Si tout ça ne se joue qu'à quelques centimètres, ce quatrième album est un peu meilleur à droite à gauche en bas en haut et au centre. Plus serré, plus sautillant dans son ensemble, le meilleur moyen d'apprécier D.R.I. Alors laissons tomber les considérations historiques, marketing et je ne sais quoi encore, pensons musique.


Non mais finalement…
Malgré sa (courte) supériorité, "4 Of A Kind" a encore un problème, MUNICIPAL WASTE. MUNICIPAL WASTE qui, presque vingt ans plus tard, reprend à la lettre la formule écrite par D.R.I. mais en mieux. Et comme "4 Of A Kind" est meilleur que "Crossover" ou "Thrash Zone", "Hazardous Mutation" est meilleur que "4 Of A Kind". De peu, toujours de peu mais tout de même… Du riff mieux aiguisé, une production mille fois plus convaincante. Et voilà qu'une fois n'est pas coutume, l'élève dépasse le maître. Mais là, chose rare dans le domaine de l'art, il l'a dépassé en proposant la même chose, exactement la même chose. Et ça, ça complique tout.

Alors que faire ? Comment juger ? D.R.I. vaut quoi exactement ? L'existence de cet élève doué rend-il le maître obsolète ? Doit-on au contraire le louer pour la valeur de son enseignement ?

Je vous laisse répondre à toutes ces questions. Moi, je me contente de les poser.