Un groupe dont le thème des textes est la guerre et l’anti religion, encore un truc scandinave en plus avec un nom bien sombre et torturé, éteignez la lumière et sortez la poupée vaudou de votre voisin que vous détestez tant on va avoir soit du death crade soit du black malsain…

Ah ben non, ça commence mal car CRYPTIC WINTERMOON, formation de black mélodique formée en 1993, vient d’Allemagne, pays dont les groupes les plus en vue portent du latex et ont tendance à monter dans les aigus…
De plus on n’est pas non plus dans le black rageur ou dépressif, les chœurs et les rythmiques nous donnent parfois presque l’impression d’avoir affaire à de la variété ou à une musique de dessin animé (quand Scar complote contre Mufasa) et le clavier est quasi omniprésent (on vous l’a dit ce sont des Allemands…)

En bon "trVes", on regrettera peut être d’ailleurs cette parfois trop forte implication des claviers au son vraiment trop 80’s et orientée film de science fiction à petit budget qui donne une touche un peu acidulée à l’ensemble, mais il faut remettre l’album dans son contexte c’est à dire en 1999 l’époque où les groupes à claviers comme NIGHTWISH ou SONATA ARCTICA s’affirment ou poussent leurs premiers balbutiements…On pense même à RHAPSODY à l’écoute de certains titres au clavier un peu pompeux, sonnant une marche et renforcés de chœurs masculins et de leads de guitare ("Gods Of Fire And Ice").

Mais, à sa décharge, le groupe n’a heureusement pas forcé sur les effets clichés à part l’incontournable bruit d’orage et de pluie de l’outro (dont deux minutes uniquement basées là dessus pour terminer l’album, ils se sont retenus tout le long, ils peuvent bien s’accorder ce plaisir qui semble si difficile à contenir…)

Ne rallumez donc pas tout de suite la lumière !

Car ne nous y trompons pas: dans cet album il y a malgré tout d’excellents riffs au service d’une atmosphère à mi chemin entre la mélancolie et la puissance ("The Abyssal Spectre" et "Fallen Kingdoms" sont les tubes de ce disque) et on reste dans une démarche extrême, qui vise les ambiances sombres et captivantes.
On découvre également de grands moments de mélancolie et de profondeur ("When Daylights Dies" qui est presque une ballade mais avec chant black) et même des breaks au piano qui rappellent d’ailleurs quelques groupes éléctros originaires d’Allemagne.
La formation a en outre su éviter avec une certaine subtilité les pièges tendus par le genre "black symphonique", à savoir la surenchère de claviers et le côté pompeux si souvent empruntés par les groupes du genre, et parvient la plupart du temps à un dosage appréciable des instruments, toujours au service d'ambiances franchement prenantes.

Et pour donner une idée de la puissance vocale de ses hurleurs, alors que le chant principal pourrait évoquer des formations telles que OBTAINED ENSLAVEMENT le second quant à lui fait irrémédiablement penser à celui des premiers CHILDREN OF BODOM, tout comme les quelques passages "orchestra hit" même si la ressemblance s’arrête là.

Le tout est en outre servi par un son clair et très propre, sans chichi et typique de l’époque, peut-être trop impersonnel pour certains mais efficace pour ce type de musique complexe.

En bref, CRYPTIC WINTERMOON mérite réellement au moins un petit détour et propose une musique qui, si elle ne s'avère pas novatrice dans le genre apporte néanmoins une certaine fraîcheur et véhicule des émotions remarquables qui dévoilent des musiciens inspirés et sincères.