Le combo américain CANVAS SOLARIS n'est pas un groupe comme les autres. Pas plus qu'il n'est à mettre entre toutes les mains et... toutes les oreilles. Et pour cause, le combo originaire de l'état de Georgie joue un metal progressif complètement expérimental et surtout instrumental. J'avais découvert le groupe il y a deux ans de cela avec le magnifique et orientalisant "Vaihayasa" figurant sur l'album "Penumbra diffuse" (2006). Une bien belle découverte ma foi, même si ce genre de musique légèrement casse-gueule est serais-je tenté de dire à consommer avec modération. Il pourrait en effet donner la migraine aux plus néophytes d'entre vous.

Et pourtant, CANVAS SOLARIS reste plus accessible qu'il n'y parait. Davantage que par le passé en tout cas, si l'on compare à "Penumbra diffuse" et surtout à "Sublimation" (2004). Et bien plus aussi qu'un SPIRAL ARCHITECT ou qu'un GORDIAN KNOT par exemple, groupes dont on pourra rapprocher CANVAS SOLARIS stylistiquement parlant. La musique du combo américain s'est légèrement affinée sur "The atomized dream". Et est à rapprocher de cette pochette, une pochette qui lui sied finalement si bien. Un univers de toute beauté, à la fois dense, riche, complexe et psychédélique, où divers éléments et structures se superposent, s'entremêlent avec harmonie.
Bien plus qu'un étalage technique et démonstratif, CANVAS SOLARIS nous invite tout simplement à un voyage musical divers et varié. Un voyage d'une durée de 47 minutes, durant lequel se côtoient de multiples sensations. Sensations de profondeur, d'errance, de brutalité, d'évasion, d'agacement, de douceur, de folie, de plaisir, d'apaisement même à l'image du magnifique et subtil "The binaural Beat", mélodique comme il faut (superbe solo d'ailleurs !) qui ouvre l'album avec brio. Un titre d'une finesse impitoyable, aux sonorités légères qui saura même vous séduire j'en suis intimement persuadé. Une composition qui pourrait même être assimilée à du ANDROMEDA période "II=I".
CANVAS SOLARIS ne vous triture que très rarement les oreilles en fait si l'on excepte les succincts brouhahas sonores présents sur l'imposant mais excellent "The unknowable and defeating glow" (plus de 10 minutes au compteur !) ou les nombreux plans complexes de "Heat distortion manifest", certainement le titre qui mettra le plus à mal vos neurones avec "Solar droid".
Le groupe distille sinon avec classe, cohérence et avec une déconcertante facilité une pléthore d'astucieux schémas musicaux, aussi vastes que complexes ("Solar droid"), tantôt répétitifs, tantôt déroutants - mais parfois irritants (sur "Heat distortion Manifest" comme vu plus haut) - , mesures asymétriques, sans omettre au final le petit brin de mélodie salvatrice nécessaire pour une écoute plus accessible et agréable ("The unknowable and defeating Glow" sur lequel les guitares donnent au morceau toute son ampleur).
Et lorsque le quintette décide d'accélérer un tout petit peu le rythme c'est pour mieux nous surprendre avec des breaks pour la plupart ingénieux et parfois de toute beauté (le passage flamenco/synthé sur "Reflections carried to mirror" était osé mais réussi). Dans le même esprit on pourra citer les sons Electro de "Chromatic dusk", les quelques passages acoustiques ci et là ou encore les interludes atmosphériques basse/percussions/synthé de "Patterns spiral into swarm" qui laissent pourtant le coté heavy du groupe s'exprimer aux détours de quelques riffs bien sentis.

On pourrait penser qu'écouter un tel disque, soit du Metal Prog instrumental, expérimental qui plus est, serait inévitablement une torture auditive. Il n'en est pourtant rien malgré, il faut bien le reconnaître, quelques passages un poil tordus sur lesquels on peut brièvement décrocher mentalement. Dans cet exercice de style, casse-gueule il est vrai, CANVAS SOLARIS s'en sort avec les honneurs. Il parvient de par la diversité de ses compositions à captiver l'auditeur du début à la fin. Quasiment.
Globalement assez tranquille, plus fin et léger que ses prédécesseurs, "The atomized dream" (le quatrième album du groupe) réussit donc à séduire et est finalement très agréable à l'oreille. Il reste néanmoins réservé aux inconditionnels du genre.

Note réelle : 3.5/5