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KRUIZ - КРУИЗ (1988)
Par SHUB-NIGGURATH le 27 Novembre 2008          Consultée 3120 fois

KRUIZ. Encore une breloque toute moisie et sans autre intérêt que celui de venir gonfler la base archives de NiME ? Non, car ce machin avait quelques arguments à faire valoir en 1988. A cette date, les formations soviétiques ne courent pas vraiment les bacs occidentaux (mes excuses à ARIA et Dark Schneider). La curiosité était nécessairement de mise, aiguillonnée par une promotion prompte à faire briller les colifichets certifiant l’origine kolkhozienne du produit. L’unique titre "russophone" de l’album est prioritairement diffusé, en alternance avec sa version anglaise, et l’imposante étoile rouge qui orne la pochette frappée de caractères cyrilliques vise tout sauf la discrétion.

De jolis apparats folkloriques, maintenant ridicules mais jadis nécessaires pour nourrir la notoriété d’un groupe inconnu alors qu’il vivote depuis plus de dix ans et affiche deux albums complets au compteur, tendance hard rock. Produites, c’est bien normal, sous la houlette d’un studio d’Etat qui en a d’ailleurs censuré l’un des titres, ces deux premières livraisons ont uniquement contribué à asseoir la renommée de KRUIZ dans l’underground moscovite. Un critère jugé amplement suffisant par WEA qui, perestroïka aidant, vient débaucher le combo (lequel ne se fera pas prier) pour lui permettre de prospecter le marché européen et commencer d’y faire quelques apparitions scéniques, notamment en première partie des Allemands de RAGE.

Ce qui vous fait une belle jambe, j’en conviens, et ne vous apprend rien sur le contenu. Patience, on y arrive. A l’écoute, on décrypte vite que si message il y a, ce n’est que celui-là : KRUIZ, c’est un prête-nom. Le faux-nez, si vous préférez, de son fondateur et leader, le guitariste Valeri Gaina. Celui-ci n’attend rien d’autre de cet album qu’il lui ouvre grand les portes du mercenariat à l’étranger. Il s’est en effet taillé des compositions sur mesure afin de faire étalage de ses compétences, cédant d’ailleurs à la tendance qu’il (sinon la Warner) croyait être celle du moment d’associer virtuosité et speed carton. Plus besoin de s’encombrer des talents d’un chanteur, par conséquent. Le guitariste tiendra lui-même ce rôle au moyen d’une voix gauchement rauque, car là n’est pas l’essentiel. Les deux nervis qu’il s’est choisi pour l’accompagner dans sa besogne ne font pas non plus dans la dentelle, le bassiste claquant de jolies envolées et le batteur martyrisant ses peaux à coups de knout. Résultat, le trio envoie un heavy/speed metal pour le moins tonique.

Un peu trop, même. L’album démarre en trombe avec « Knight of the Road » qui sait faire apprécier, malgré une introduction brouillonne rapiécée d’orchestrations en plastique, des riffs denses et rageurs, un solo virevoltant et une rythmique qui accélère, breake et bastonne comme il faut. C’est certes très efficace, mais pour le moins brut de décoffrage. La production est propre, sans faire cependant des étincelles puisqu’elle s’essouffle dans une saturation medium à force de poursuivre une puissance qui lui échappe. Il n’empêche que les trois gars connaissent visiblement leur affaire et comptent bien clouer le bec à ceux qui ne voudraient voir là qu’une pauvre bande de moujiks. La démonstration est compréhensible en soi. Pourtant, à trop insister, elle devient pénible.

Le guitariste a du talent, c’est certain. Des idées, aussi, qu’il exploite tel un stakhanoviste de la six cordes, au détriment parfois de leur cohérence et de leur originalité. Les titres affichent une hétérogénéité qui n’exclut pas l’impression routinière, chaque tour de piste laissant attendre les nouvelles pirouettes de l’artiste. Le seul vrai fil conducteur reste l'écriture de Valeri Gaina, évidemment marquée par la formation classique qu'il a reçue. Une culture ou approche musicale typiquement slave, en quelque sorte, dont le mariage avec les standards métalliques des années 80 est malaisé, surtout lorsqu’une insatiable soif de reconnaissance conduit à forcer, au détriment de la première, la déférence envers les maîtres des seconds, Wolf Hoffmann et Glenn Tipton en tête. Et puis, n’est pas Kai Hansen qui veut.

Des associations d’idées qui peuvent pourtant conduire à des résultats plus qu’honorables, comme « The Avenger », montée en puissance aussi prévisible qu’entraînante de la ballade électro-acoustique à l’envolée mélodique, ou « Dream 5,000 Years Long » à la construction plus réfléchie, dont le tempo rapide résiste cette fois à la tentation de l’emballement et où le batteur dévoile un jeu relativement plus subtil qu’à l’accoutumée.

Au-delà, KRUIZ avance cahin-caha. On ne reprochera pas aux trois individualités de se livrer à fond. Mais la synergie n’est pas au rendez-vous. Le heavy basique et énervé de « Brave New World » prend les allures, sur l’accélération des refrains, d’un thrash aux curieux accents naïfs, presque enfantins. Les traces de premières armes punk, sans doute, également présentes dans l’explosif et quelque peu bordélique « Heaviest in Town » et le brutal mais bien nommé « Iron Rock » dont le solo endiablé fait néanmoins son petit effet. Le long « Possessed » reviendra finalement sur l’orientation thrash, de manière plus affirmée et donc convaincante, bien que la rupture soit trop nette avec le break acoustique et la seconde partie, rappelant vaguement du RUNNING WILD, qui le suit.

C’est finalement le double titre vedette « In Flames!/B OROHb! » qui permet, involontairement, de tirer la conclusion amère de cet ensemble. Les gros riffs sont tout aussi percutants lorsque KRUIZ se contente de jouer un heavy sobre et bondissant, et le russe épouse bien mieux les compositions que l’anglais, dont l’emploi éclaire davantage le côté rustique que le groupe voulait avant tout dissimuler. Un album qui demeure au final sympathique. On est loin, toutefois, de la fluidité et de la cohésion que proposait le RIOT de Mark Reale à la même époque.

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   SHUB-NIGGURATH

 
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- Valeri Gaina (guitare, chant)
- Feodor Vasiliev (basse)
- Sergei Efimov (batterie)


1. Knight Of The Road
2. Brave New World
3. Heaviest In Town
4. Avenger
5. In Flames !
6. Dream 5000 Years Long
7. Iron Rock
8. Possessed
9. B Orohb!



             



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