Je n'arrive absolument pas à démarrer cette chronique. Comme je n'arrive absolument pas à comprendre en quoi FARSOT est autre chose que très banal. Pourtant je le sais, je le sens, je le touche presque du doigt, FARSOT est un créateur, il n'est pas X, il n'est pas Y, il se démarque, il existe seul, il existe bien et dieu sait à quel point se faire sa place au camping des corbeaux black est chose difficile. Les emplacements sont chers, certains moisissent là depuis maintenant plus de quinze ans, d'autres demandent en pleurant la possibilité de poser leur tente auprès des célébrités du coin. Beaucoup d'appelés, peu d'élus.

Mais tout de même, face aux nouveaux petits princes du genre, ceux qui vont chercher haut et loin leur inspiration, à côté du black progressif forestier senteur Wicca de WOLVES IN THE THRONE ROOM, du black industriel messianique de BLACK FUNERAL, du dark/black wave vampirique de CELESTIA ou du guide du routard Asie Centrale metal de DARKESTRAH, l'Allemand peine à se démarquer par son originalité. Assez brutal mais jamais trop, cru mais pas cadavérique, des intermèdes pleins de vide pour remplir, un brin d'acoustique pour l'ambiance, trois grammes d'épique, des jérémiades black dépressif en nombre suffisant, un quart de clavier et un demi-coup de poignet d'indus. Hop voilà, emballé c'est pesé, et encore un album de black bien foutu qui ne sert à rien. C'est assez costaud mais ça chouine aussi, les grosses baraques qui pleurent, ça marche toujours. Au suivant.

Stop !

Les pseudonymes qu'aurait bien aimer voler DARKSPACE, ce chant en allemand qui fait sérieux… Et puis ce sentiment qu'il y du boulot derrière tout ça… Solution en plage sept.

Alors que les deux premiers relais nous régalaient de leur insignifiance, celui qui ouvre la voie à la course folle de "Thematik: Trauer" fait dans le grégorien malin. Rien d'exceptionnel mais une introduction suffisante avant de savants roulements de toms précurseur d'une orgie progressive de 20 minutes (qui a dit qu'on entendait OPETH en minute 15 ?). Et là encore, rien d'exceptionnel sinon une avalanche de riffs aux fins entrelacs et le juste dosage des respirations. Rien d'exceptionnel mais un avant-goût d'hypnotisme. On se disait en plage une ou trois que FARSOT maniait bien la règle, on ne se dit plus rien, on écoute et le groupe prend enfin l'ascendant sur notre analyse cérébrale et nuisible.

Mais on n'y est pas, FARSOT a perdu la bataille de l'originalité, il hisse même sans qu'on lui demande le drapeau blanc. Et "IIII", aussi bien gaulé soit-il, ne sera jamais nommé au Hall of Fame, faute à l'énorme étiquette « déjà vu/déjà entendu » dont il est parfaitement incapable de se débarrasser. Pire, FARSOT n'a pas d'âme. Et voilà un personnage de plus pour nourrir la grande galerie des petits imitateurs du black allemand.

Pourtant, un soupçon d'optimisme parviendrait sans mal à nous laisser espérer un "IIIII" aux rouages toujours polis à l'extrême, à la mécanique aussi teutonne mais avec, qui sait, un petit supplément de quelque chose. Et là, mais seulement là, le quintette de Thuringe deviendra(it) digne de plusieurs écoutes. Et moi de revoir mes critères et de me dire enfin qu'on peut atteindre un vrai gabarit sans toujours aller chercher l'alliage improbable.
Entre-temps, voilà "IIII", un très bon disque sans intérêt.