Vous connaissez FEAR MY THOUGHTS ? Ce groupe étrange, à la fois bien rôdé dans le milieu du métal mélodique, mais paradoxalement méconnu du grand public ? Personnellement, je les ai découverts à travers leur précédent album, « Vulcanus », qui m’avait fait une bonne impression, notamment grâce à la réussite du mélange de genre dont les Allemands ont fait preuve. Le tout passait très bien, et malgré les approches stylistiques différentes tout au long de l’album, le groupe avait su garder une certaine cohérence dans ses compositions. La mayonnaise prenait, quoi. Malheureusement, ce n’est pas vraiment le cas sur « Isolation ».

Mais reprenons un peu le contexte dans lequel s’est construit cet album. « Vulcanus » avait été une petite révélation dans le monde du métal mélodique. Une petite claque. Bien que le groupe n’en soit pas à ses balbutiements (« Isolation » est le 6ème album), il n’avait jamais vraiment crevé l’enceinte. Alors forcément, quand un album se révèle être très bon, on attend la suite avec impatience.
Le combo allemand a dû fortement sentir ces attentes, puisque c’est à peine un an plus tard que sort « Isolation ». Et pour combler le tout, dans la précipitation, le groupe se sépare de son chanteur pour engager Martin Fischer. Bon, ça, on s’en plaindra pas tant il se montre convaincant sur cette galette.
Le souci, dans toute cette rapidité, c’est que les compositions donnent forcément l’impression d’avoir été faites à la va-vite.

Et vas-y que je te mets du death mélo, puis que je te passe le tout en metalcore, et pourquoi pas une petite ambiance goth ? Allez, une influence Hard FM ici, puis une touche de prog pour faire mature. Et hop, la classe non ?
Ben pas vraiment. Car si ce mélange était savoureux sur « Vulcanus », il devient ici difficilement digérable tant on se perd dans toutes ces influences. Le tout tourne plus comme une démonstration stylistique que dans un véritable album de FEAR MY THOUGHTS. Et ça donne une petite collection de 11* pistes chacune différente de l’autre, sans souci de cohérence. Certes, on passe un bon moment sur certaines d’entre elles, je pense ici à « Pitch Black », « Through The Eyes Of God » par exemple, qui étonnent par l’introduction de voix douces plutôt rares chez FEAR MY THOUGHTS. Mais on n’arrive pas à ressortir une ambiance générale à l’album qui perd ainsi de son intérêt.

Pour aller encore plus dans le vif du sujet, disons clairement que les ambiances tentées par l’instauration abusive de synthés sont ratées. Et pour cause : les meilleurs moments sont les démonstrations des deux guitaristes qui prouvent tant bien que mal qu’on n’aurait pas dû les faire passer au second plan. Le moindre petit passage laissé à Markus Ruf et Patrick Hagman est bonifié par les deux bonshommes qui se révèlent être vraiment efficaces dans leurs riffs, mais aussi dans leurs atmosphères.

Pour autant, le groupe ne délaisse pas le côté mélodieux de ses titres, et c’est bien là le principal. Même si parfois la mélodie devient rapidement pompeuse (« Bound & Weakened » sympathique mais trop vite lassante), elle reste parfaitement maîtrisée et souvent plus subtile qu’elle en a l’air (« The Hunted », « Through The Eyes Of God », « Creeping Lord », « Burning the Lamb/The Sacrifice »). Martin Fischer se révèle être bon dans tous les domaines : chant clair, doux, énervé. Un registre de voix franchement plaisant. Avec un tel potentiel, on aurait aimé voir le groupe prendre plus de risques dans les compositions afin d’utiliser les talents de Martin.

L’échec relatif de cet album semble donc s’expliquer par une précipitation après le succès de « Vulcanus » qui a poussé le groupe à sortir la confirmation attendue le plus rapidement possible sans prendre vraiment de gros risques. Finalement, 11 pistes aux potentiels clairement limités. L’aspect décousu aurait pu être un plus si le sujet était mieux maîtrisé. Malheureusement, la production trop lisse, la structure des compos trop ordinaire pour la plupart des titres ne permettront pas à FEAR MY THOUGHTS de « confirmer » comme ils voulaient le faire avec cette galette. On ne peut pas tout jouer sur le côté mélodique tout en plaçant ses influences comme on lâche une à une ses cartes à la bataille.

Allez, pour le prochain on se lâche un peu plus dans les compos, on sélectionne avec soin et cohésion les différentes influences, bref on se décoince les fesses tout en gardant un fil rouge et on sort un putain d’album. C’est si simple, pourtant !



*Pour l’édition spéciale, il y a 11 pistes.