Trois ans après Cross-Rocks, le discret Yann Armellino nous revient cet été avec un nouvel opus, "Gimme The Sound" sous le nom de travail d'Y&C. Y&C, c’est une équipe. Y, c'est Yann. C, c'est Chris Caron, chanteur qui a fait ses armes quelques temps au sein du groupe TIPSY WIT et qui s'était expatrié aux States. Les 2 hommes ont repris contact de manière fortuite et ont décidé de tenter l'aventure ensemble. "Gimme The Sound" : Donnes-moi le son. Le son, c'est celui du rock et du hard-rock que Yann ré-apprivoise ici après un "Cross-Rocks" qui possédait de fortes tonalités blues.

Le blues, c’est la musique qu’il aime. Il est toujours là en toile de fond même si Yann a donc cette fois musclé son jeu ... et sa guitare ! L'instrument à 6 cordes est roi sur ce disque, même s'il partage la vedette avec le vocaliste. Chris Caron possède une tonalité vocale qui va de médium aux aigus. Un timbre puissant qui sait se montrer tantôt percutant (« It’s A Nightmare Every Morning », l’un des moments les plus rentre dedans), tantôt plus nuancé (la ballade « I Remember Yesterday »), à l’image d’un chanteur comme Edu Falaschi (ANGRA) pour citer quelqu’un en exemple. Autant dire qu’il se cale à merveille sur les différents morceaux et ambiances de "Gimme The Sound". Et comme on sent que le chanteur tout comme le guitariste ont pris du plaisir à collaborer ici, ça décuple le plaisir de l’écoute.

On parlait d’ANGRA et c’est assez drôle car les percussions du morceau titre « Gimme The Sound » (qui donne son nom au disque) font penser au Brésil, preuve que nos acolytes aiment le rock … mais aussi la musique, tout simplement. En revanche, pas de notes inutiles, de double pédale, de cris hystériques ou de synthés flamboyants : "Gimme The Sound" n’est pas un disque de heavy metal mais de hard rock, voire de rock. Pas question ici d’agressivité ou de vélocité mais d’authenticité et de feeling. Comme tout ce que Yann propose d’ailleurs car on retrouve encore ce côté frais et cette patte qui mêle musicalité et passion. Le chant s’accompagne de chœurs soignés, un peu à la manière de ce que pouvait faire EXTREME au début des années 90 (« High Above The Unknown Places », « I Remember Yesterday », « Let’s Fly Higher »). Les guitares sont électriques et parfois volubiles (on sent des influences qu’ont pu exercer des légendes comme Joe Satriani, Eddie Van Halen ou Nuno Bettencourt) ou plus acoustiques (l’exotique « Time Is Running Out », « I Just Wish I Could Be Home » et sa belle mélodie). Les soli sont bien exécutés et ne tombent pas dans la démonstration.

Le plaisir de la guitare instrumentale se retrouve ici à 4 moments : le sautillant « After The Tour » accueille aux côtés de Yann un Patrick Rondat qu’on ne présente plus. Un deuxième invité figure sur le sémillant « Armorik’n Roll » : il s’agit de Gildas Arzel qui a fait partie du groupe CANADA (le slow « Mourir les sirènes » avait fait un tabac à la fin des années 80) et qui, aujourd’hui auteur/compositeur et musicien a écrit pour Johnny Hallyday, Yannick Noah ou encore Maurane. Enfin « Oversea » et « Isle Of Jura » terminent le disque, entrecoupés par une version acoustique de « High Above The Unknown Places ».

Un premier album bien sympa pour ce duo qui était fait pour se rencontrer. L’expérience se renouvellera-t-elle ? On peut l’espérer mais ça, seul Yann pourrait nous le dire. Il y a franchement de bonnes compositions et des mélodies bien mémorisables sur ce "Gimme The Sound", même si pas mal de passages ont tendance à se ressembler au final. Cependant, ça fait toujours du bien de s’envoyer un skeud où l’on ressent une réelle passion dans ce monde musical devenu bien mercantile et intéressé. Et "Gimme The Sound" en fait partie.

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