Des cordes et des peaux. C'est tout ce dont à besoin le duo de SARDONIS pour s'adonner à l'art ténébreux du doom metal, genre assez peu représenté chez nos voisins belges, permettant à AMENRA d'occuper plus ou moins le devant de la scène. Certes, quelques petites formations étaient parvenues à sortir un tant soit peu de l'ombre, telle CANTAR aux débuts plutôt prometteurs et dont le dernier effort discographique remonte à 2003, ou THEE PLAGUE OF GENTLEMEN dont le split donna naissance entre autres à SERPENTCULT, mais cette faune locale se voit plus que jamais cantonnée au milieu underground.

Loin de se laisser décourager par la rudesse du climat, SARDONIS, dont les premiers signes d'activité remontent à 2006, continue de progresser à sa manière le long du chemin tracé par d'illustres prédécesseurs (est-il encore nécessaire de les nommer ?), pour se faire finalement accueillir par le label Electric Earth Records (BLACK PYRAMID). Fort de cette association, le duo se met à l'œuvre et livre en cette fin d'été son premier E.P. de quatre titres, à l'artwork moyenâgeux et mortuaire.

Premier constat à l'écoute de l'objet: la puissance véhiculée par les deux instruments est phénoménale. Nul besoin de basse ou de chant caverneux pour permettre au pesant « Nero D'avola » de faire trembler les murs, ou pour se sentir transporter par le souffle dévastateur de « Skullcrusher AD », morceau essentiellement mid-tempo, exercice dans lequel la formation excelle.
Le jeu des contrastes est également mis fortement à contribution, les changements de rythme sont légion, on passe allègrement de l'allure modérée à la cavalcade infernale, toutes brides lâchées, instant périlleux où l'on sent les musiciens moins à l'aise, malgré une volonté évidente de diversification du style.

Ce qui nous amène à une première face totalement réussie avec « Nero D'avola », superbement massif, et « Skullcrusher AD », moment fort de l'EP qui intègre parfaitement dans sa structure les passages plus « speed », et une seconde face en demi-teinte, plus dynamique, mais à mon sens moins maitrisée. « MOR » n'en demeure pas moins un bon morceau, surtout dans sa partie centrale. « Sick Horses » s'en sort honorablement, bénéficiant également d'une hausse de niveau à mi-parcours (notamment un meilleur travail du batteur), mais est un cran en-dessous. La faute au tempo, trop poussé pour le style pratiqué ? C'est en tout cas l'avis du doomster convaincu que je suis.

Néanmoins, malgré quelques défauts, cette première sortie de SARDONIS mérite amplement qu'on s'y intéresse et nous promet le meilleur pour l'avenir, à savoir la sortie du LP, prévue pour l'automne 2009.
Pensez à tourner le sablier...