Zonaria fait du Death Mélo. Zonaria est Suédois. Ça rappelle une bonne cinquantaine de groupes ces deux phrases, hein ? Et pourtant, cette fois, nous n’avons pas le droit à une vulgaire copie d’IN FLAMES ou de DARK TRANQUILLITY. Certes, il n’existe pas mille et une façon de faire du Death Mélo (quoique…) et certains reconnaîtront sans aucun doute les accents des deux cités ci-dessus. Malgré tout, Zonaria devrait retenir l’attention d’amateur ou de novice en la matière. Après deux démos plus ou moins convaincantes, « Infamy And The Breed » est donc le premier album des Scandinaves. Et il risque de laisser une grosse attente derrière lui. Ça déchire grave, ouais.

Ce n’est d’ailleurs pas le premier titre « The Last Endeavour », après une intro aux accentuations quelque peu futuristes, qui me fera mentir. La sauce est balancée d’entrée grâce à une grosse production, et la puissance générale qui se dégage de l’album n’a rien à envier à un HYPOCRISY par exemple. Côté composition, le classicisme est de mise (rares sont les envolées, avec des titres autour des 4 minutes chacun). On notera tout de même une certaine modernisation des sons, avec quelques touches de synthés assez futuristes. Techniquement, il est dur de reprocher quoi que ce soit aux jeunes membres du groupe qui réussissent avec maturité à ne pas sombrer dans un Death technique et imbuvable en plaçant des soli pleins de feeling et des riffs tranchants à souhait (« Attending Annihilation », « The Armageddon Anthem »).

Pour en revenir à la production, elle est à double tranchant. Comme déjà dit, elle impose par sa puissance. Mais le son lourd ainsi utilisé devient vite répétitif au fur et à mesure de l’album, ce qui gâche un peu l’écoute à cause d’une certaine ressemblance entre les morceaux. Le chant, assez monotone, contribue également à générer cet aspect assez rébarbatif. Néanmoins il serait dommage de passer à côté de cet album pour si peu.

Car au-delà de ces quelques faiblesses, cet « Infamy And The Breed » nous réserve tout de même quelques bonnes surprises. Et là, je parle du puissant « The Armageddon Anthem » au riff impeccable et à la composition soignée, mais aussi de « Rendered In Vain » qui devrait ravir le public en concert, « Attending Annihilation » et son refrain au chant clair, « The Black Omen » et sa mélodie imparable qui vous hantera des journées entières. Dieu que ce fût difficile de sortir ces morceaux du lot tant l’album est homogène qualitativement. Chacun y trouvera de toute façon son compte. Mon seul regret finalement, outre un certain classicisme dans les compositions avec par exemple une intro récurrente et parfois peu originale à chaque titre, est que le groupe n’a pas osé pousser plus loin l’ambiance « Apocalypse du futur » si je puis m’exprimer ainsi. Les quelques touches de synthés sont appréciables mais trop peu mises en avant, et quelques breaks atmosphériques auraient pu être intéressants à insérer sur quelques titres.

Zonaria arrive tout de même avec une étonnante maturité à dégager une identité bien propre, et on pourrait presque déjà parler de "patte Zonarienne" si le groupe n'avait pas fait parfois (sur les introductions notamment) ressortir un peu trop leurs influences et notamment celle d'HYPOCRISY. L'auditeur confirmé de Death Mélodique devrait donc déceler après plusieurs écoutes quelques pistes sur les groupes fétiches des Suédois. Néanmoins, répétons-le, le groupe s'est tout de même doté d'une identité à part entière qui devrait évoluer au fur et à mesure de leur carrière.

« Infamy and the Breed » reste donc un très bon album pour tout amateur de Death Mélodique, même pour un novice qui souhaite découvrir ce style. Mais ses défauts sont peut-être trop présents pour réussir à en faire totalement abstraction durant l’écoute, d’où la note quelque peu sévère. Très brut et direct, il réussira à coup sûr à vous matraquer l’esprit. Souhaitons que le chanteur se diversifie un peu, que la production soit un peu moins « propre », et Zonaria tapera alors un gros coup sur la scène Death Mélo. Vivement le prochain album…

Note : 3,5/5