Depuis quelques temps déjà, le metal lourd a le vent en poupe. Les groupes de doom et de sludge émergent un peu partout, proposant à qui veut bien tendre l'oreille leurs riffs gras et sursaturés. La vague la plus récente a engendré son lot de formations talentueuses qui s'en sortent honorablement. On citera par exemple MOSS dont le doom lorgnant vers le drone a séduit un public relativement large d'adeptes, ou WITCH qui ne doit rien (ou si peu) à la popularité de Jay Mascis qui se voit relégué aux fûts de ce combo très orienté 70's, et enfin TAINT qui donne dans un sludge assez « light » qui privilégie avant tout l'efficacité.
Un petit échantillon, qui ne représente que le pingouin perché sur le dernier cube de glace tout en haut de l'iceberg.

Comme vous êtes malins, vous vous dites que, vu le contexte, prendre le temps d'évoquer BLACK PYRAMID ne peut que signifier deux choses: ou je suis un parfait psychopathe dont le principal but dans la vie est de parler de n'importe quel groupe au tempo suffisamment lent pour alerter n'importe quel électrocardiographe, ou ce collectif de Northampton, Massachusetts, composé d'anciens membres d'ARTIMUS PYLEDRIVER et de PALACE IN THUNDERLAND en a vraiment sous la pédale et possède les qualités requises pour être estampillé du label « A surveiller », le genre de choses que je ne délivre pas à la légère.
Très honnêtement, aucune des deux options n'est à écarter, mais la seconde est tout de même à privilégier. Ce qui a convaincu le tout jeune label belge Electric Earth Records de prendre le groupe sous son aile et de distribuer, en format vinyle s'il vous plaît, son premier E.P. officiel.

L'objet en lui-même est très intéressant. La pochette n'en est pas vraiment une au sens strict, s'ouvrant comme la couverture d'un livre à laquelle le contenu n'aurait pas été fixé, rendant l'usage de la protection plastifiée indispensable pour ne pas égarer l'E.P., un 7'', soit une taille identique aux 45 tours mais qui se joue à la vitesse d'un 33 tours.
Chaque face ne comporte qu'une seule chanson. C'est peu, c'est vrai, d'autant que la durée avoisine les six minutes. Ici ce n'est pas la quantité mais la qualité qui parle. Sur la face A, on trouve « Visions Of Gehenna », la meilleure composition de la démo originale, fraîchement réenregistrée pour l'occasion.
Comme pour toutes les formations de ce style, la rythmique est massive, enlevée. BLACK PYRAMID officie clairement dans un stoner/doom old school, on croirait entendre BUFFALO, l'ancêtre stoner australien par excellence, en plein jam avec ELECTRIC WIZARD. La voix d'Andy Beresky rappellera d'ailleurs celle de Dave Tice par sa rugosité et son timbre particulier. De bonnes références qui font de « Visions Of Gehenna » une entrée en matière particulièrement tonitruante, surtout pour une formation aussi jeune dans le circuit.
La face B, « Caravan », est plus planante, plus orientée psyché. Ici, Andy endosse le costume du Baron Brock (on y reviendra toujours) et calme le jeu pour un morceau atmosphérique d'excellente facture, preuve que le groupe est à l'aise sur les deux tableaux, promesse d'un futur (véritable) album diversifié.

La remarque précédente était donc totalement justifiée, la quantité ne fait pas tout, seule la qualité compte. Et de ce côté-là, BLACK PYRAMID fait très fort, offrant deux titres impeccables sans la moindre faute de goût à l'horizon. Tout pour assurer à la formation un avenir dans le milieu, d'autant que le premier L.P. est en route, sous la houlette de Justin Pizzoferrato (WITCH, DINOSAUR JR.), soit pas n'importe qui.

Très prometteur.

Note: Un gros 3 sur 5 d'encouragement.