TURISAS, BAL-SAGOTH et AMON AMARTH. Sur la piste des influences, le tiercé gagnant. Le premier lègue son viking metal orchestral, le second cède quelques vocaux chuchotés et ses cuivres, le dernier prête sa rythmique rentre-dedans. THRONAR, dont les premières armes ont été affutées sous le patronyme CERBERUS, sort en dix ans son second album. Et si les premières écoutes dévoilent un groupe aux allures de pique-assiette, les suivantes permettent de déceler l’once de personnalité salvatrice. Certes, THRONAR n’hésite pas à emprunter à ses illustres collègues leurs meilleures mixtures. Mais il n’est pas un imbécile et sait s’y prendre. Du viking metal, certes, mais finalement peu emphatique et davantage tourné vers le folklorique épuré. Du death mélodique par moments, oui, mais pour durcir le propos, créer des ruptures dynamiques à base de riffs tranchants et d’explosions rythmiques.

Si bien qu’« Unleash The Fire » n’est pas l’ersatz craint un moment. Il montre au contraire une formation adroite et inspirée qui parvient à proposer un angle d’attaque du viking metal plutôt personnelle. Mélodique mais parfois brutal, entrainant mais souvent inquisiteur, solennel mais qui sait lâcher la vapeur, le second album des Hollandais nous sert notamment deux titres d’excellentes factures. « Shield To Shield », hymne martial absolument fédérateur et « Final War (Unleash The Fire) », baume au cœur pour guerriers prêts à en découdre, sont dominés par des cuivres, quelques mélodies folkloriques et prennent aux tripes par leurs accélérations. Le premier sur le refrain dantesque chanté par un bataillon de vikings. Le second par endroits, comme aurait tendance à se dérouler une bataille digne des meilleurs romans épiques, entre parades à deux doigts de flancher et ripostes héroïques qu’on n’attendait plus.
Entre ces deux piliers plus prêts des cieux que les autres, du bon, parfois du creux. D’un côté, « To Ride, Kill and Harvest » qui joue correctement la carte des cavalcades, du haut de sa rythmique syncopée et de ses riffs tranchants, « Eating the Enemy » qui assène des mélodies simples et entêtantes sur une ambiance entre noir et écarlate, « King of the Eburones » qui nous fait le coup des mélodies du terroir pour notre plus grand plaisir. De l’autre, « Thronar » qui, à part quelques chœurs vikings de bonne tenue, a nettement plus de mal à prendre consistance. Décousu et mal agencé, il hésite sur le chemin à emprunter pour finalement nous planter en plein milieu, sans point de repère pour rattraper ce guide maladroit.

Un album très bien fait qui n’est pas pour autant exempt de reproches. Quelques plans surfaits, deux ou trois mélodies trop plates le tirent vers le bas. A côté de ça, des brûlots de viking metal, des accélérations bien bâties et des refrains souvent réussis permettent à « Unleash The Fire » d’imposer THRONAR. Non pas en haut de la pile, TURISAS l’a investi depuis quelques temps, mais à une place à peu près confortable. En jaillir et s’élancer quelques degrés plus haut ne tient finalement pas à grand-chose. Un troisième album encore plus convaincant et on en reparlera.