Ouest de la France. Juin 2008

Objet: Demande de naturalisation.

A l'attention de Mme Tarja HALONEN, présidente de la république parlementaire Finlandaise.

Madame ,

Je me permets de vous adresser directement ce courrier dans le but d'obtenir dans les plus brefs délais la naturalisation finlandaise. En l'état actuelle des choses, il faut résider 6 ans consécutivement sur votre sol pour prétendre acquérir la nationalité finnoise (ou bien épouser une de vos ressortissantes, ce qui diminue le délai à 4 ans).
Vous allez sans doute trouver ma demande saugrenue, sachant que je n'habite pas sur votre territoire, sans y avoir jamais foulé les vertes prairies... Pour être plus clair: je ne suis jamais venu en Finlande, ce qui constitue malgré tout une de mes prochaines destinations estivales.

Je vais ainsi étayer mon propos: il n'est pas question ici de venir piller le vivier de femmes tout aussi magnifiques les unes que les autres (no comment), mais bien d'acquérir des papiers d'identité de la nation qui, actuellement, donne ses lettres de noblesse au métal, ce courant musical qui dirige ma vie.
La musique contemporaine populaire finlandaise inclut une scène renommée de metal, phénomène musical partagé avec les autres pays nordiques. Les groupes/artistes les plus connus hors de vos frontières sont actuellement NIGHTWISH, CHILDREN OF BODOM, SONATA ARCTICA, ENSIFERUM, ou encore APOCALYPTICA.
J'aurais pu vous écrire un roman sur ces groupes (en particulier les marmots de votre célèbre tueur en série), mais j'ai décidé de vous révéler tout le talent créatif de votre pays d'une autre façon...
Et ce n'est pas les jeunots de THE SCOURGER qui vont déroger à la règle. Leur deuxième album dans les bacs m'a enfin décidé à franchir le pas. Formé en 2003, ce combo « bien de chez vous » avait déjà ouvert les hostilités en 2006 avec « Blind Date With Violence »... En faisant leurs premières armes sur du thrash façon TESTAMENT ou encore SLAYER (reprises du désormais classique « Over the wall » et de l'excellent « Ghosts of war » en guise de preuve à l'époque), THE SCOURGER a petit à petit glissé vers un thrash ouvertement teinté de death mélodique.
A ce titre, le duo de guitaristes s'offrent une partition pleine de sérénité, de rage et de complémentarité. Leur jeu vient se placer parfaitement en rampe de lancement de textes largement influencés par le côté obscur de notre société. Ces lyrics sont assénés par Jari Hurskainen qui officie au sein des frontmen les plus récents du genre death mélo mais avec une très forte influence lorgnant sur COB et Alexi Laiho. Cette particularité offre aux compositions un « je ne sais quoi », gage d'une certaine originalité.
« Never bury the Hatchet » (*), single de l'album, est un des titres les plus violents (et ce n'est pas les quelques secondes d'ouverture qui viendront me contredire: la frénésie des couplets en est ébouriffante !).
Comment ne pas remarquer « To tame a life », au riff marqué par votre tête s'agitant frénétiquement au rythme des accords tirés des guitares puissantes et présentes, avant un interlude lead du plus bel effet. Dans un esprit similaire, « Deformed Reality » alterne plan thrash et riff typique death mélo... avant une fin « fade » sur lit de choeurs ! Tandis que le titre éponyme (*) n'est pas sans rappeler les dernières créations de vos voisins bataves de DETONATION (tout comme « Beyond Judas »), vous prenez rapidement conscience que le groupe a choisi la voie des rythmiques endiablées, grâce à des riffs mélodiques de leurs grattes saturées en son clair délivrant des soli mode heavy (« Reign in Bestial Sin » où technicité et vitesse d'exécution font plaisir à entendre). Si vous ne deviez n'en savourez qu'un, alors « Last nail to the coffin » serait sans doute celui-ci (un refrain mélodique à souhait, avec cette ambiance de sérénité...)
On est ainsi en présence de 12 titres sans réelle innovation technique ou de composition (même si les chœurs-refrains de « In the Hour of Ruin » (*) proposent une ch'tite touche d'Orient) mais dont la réalisation sans faille est mise en avant. Il faut reconnaître que le savoir faire de vos studios en sort une nouvelle fois grandi (en avaient-ils réellement besoin, je vous le concède).
Rendez-vous compte, pour un second album, le groupe se permet même l'outrecuidance de faire appel à Joe Petagno qui signe l'artwork de cette galette (MOTÖRHEAD, KRISUM, ANGELCORPSE) !

Je voudrais donc, à titre provisoire, acquérir la nationalité finlandaise, histoire de goûter à la saveur exquise de la fierté d'appartenir à cette nation, fer de lance de la scène actuelle dynamique et bien vivante du Metal. Ce n'est pas que la France et ses groupes me laissent de marbre (quoique...) mais force est de constater que même vos « petits groupes » arrivent à nous pondre des albums où qualité et technicité sont les maîtres mots.

Je vous en conjure, merci de considérer un temps soit peu ce courrier et cette modeste missive...

En attendant de vous lire, veuillez agréer mes salutations métalliques les plus distinguées.

Fenryl de NIME (**)

Verdict: 3/5.

Morceaux choisis: « Last nail to the coffin », « Reign in bestial sin »,« Beyond Judas ».

(*) titres en écoute sur le MySpace du groupe.
(**) Si vous saviez en plus que mon pseudo est un hommage à un de vos guerriers divins...