C'est étrange mais c'est comme ça et c'est tant mieux : l'île de Tasmanie, en Australie, semble compter quelques formations de metal extrême de qualité qui se font de plus en plus connaître. RUINS est de celles-ci. RUINS est le projet d'Alex Pope, qui y assure toutes les cordes et la voix, ainsi que compositions et lyrics. En studio, c'est la mitraillette David Haley (jouant dans PSYCROPTIC, THE AMENTA, NERVECELL surtout) qui l'aide question rythmique (une grosse bête en somme) et ce dernier est alors rejoint sur scène par son frère Joe, tenant la deuxième guitare - tandis qu'un ultime comparse vient se saisir de la basse. En tous cas, je suis resté scotché quand le promo de Neurotic Records a déboulé sur ma platine. Vu comme c'est parti avec ce deuxième full-lengt intitulé Cauldron (il y a eu Spun Forth As Dark Nets en 2005 et l'E.P Atom and Time en 2004), RUINS risque bien de faire son petit nid parmi les formations de qualité de cette fin de décennie...

En effet, bien que la production puissante et pointue soit parfaite pour mettre en valeur un chirurgien comme l'est David le batteur, elle me rebute toujours quand j'écoute une release assimilée au Black Metal. Mais il faut avouer qu'elle est ici fort à propos et que le contraste qu'elle crée avec le jeu de guitare d'Alex Pope est intéressant. Je l'ai déjà dis, Pope caresse et pince ses cordes metalliques d'une manière mélancolique et apocalyptique du plus bel effet (il y a aussi certains bons « effets » guitaristiques sur l'ensemble, propices à rendre le tout plus chaotique : ce sont des distorsions ou larsens rendant le bruit du vent hurlant). Ces images que renvoient notre Pape tasmanien me font tantôt penser à JUDAS ISCARIOT ou ONDSKAPT, mais également à des formations françaises telles REVERENCE, BLACKLODGE, ARKHON INFAUTUS, OTARGOS ou BLUT AUS NORD. A vrai dire, malgré la foule de groupes près desquelles RUINS a des points communs, ce serait peut-être le légendaire trio normand qui aurait le plus de similitudes avec RUINS. En faisant le compte, c'est vrai que les deux se ressemblent. La période The Mystical Beast of Rebellion/The Works Wich Transforms God pourraient avoir inspiré notre Alex.

Vous aurez donc, tout à la fois, une œuvre pétrie d'émotions noirâtres associées à la puissance des riffs et la précision d'une batterie destructrice, mises en valeur par une production énorme. Tout en mettant les doigts de pied dans le plat Death Metal, Alex Pope réussit avec Cauldron à ne pas laisser ce genre embourber son Black Metal très imagé, qui désespèrera les esprits les moins aguerris et revigorera. De plus, bien que les références soient identifiables, RUINS possède sa propre personnalité et c'est une caractéristique que je ne peux mettre de côté et qu'il me faut relever, l'uniformisation n'étant bonne pour personne. Il reste quand même un reproche à formuler. Seul gros point noir à mon sens : la voix. Légèrement morbide, elle manque singulièrement de consistance et il y aurait peut-être nécessité à engager un vrai vocaliste... Mais ça, Alex Pope ne le lira certainement pas... Cauldron de RUINS est donc une excellente découverte, que je n'ai pas encore terminé de me passer en boucle, étant donné sa profondeur. Je recommande donc ces quarante minutes de Black Metal moderne chaudement ! 3,5/5