Outre le fait que ce coffret soit un joli objet, il faut avant tout se demander si sa sortie a une quelconque utilité aujourd’hui. La capitalisation sur les fonds de tiroir et manipulations marketing faisant la joie et la fortune des labels, des maisons de disque et des distributeurs. A plus d’un titre Rob Halford est investi dans la longévité de son projet FIGHT datant de 1993. Tout d’abord parce qu’il s’agit de son premier bébé après son départ de Judas et surtout parce qu’il est le propriétaire de son label Metal God Entertainment. Label qui a racheté les droits d’exploitation de FIGHT. En plus de son investissement artistique, sa structure doit lui être sacrement rentable puisqu’elle sert également à prolonger l’actualité de TWO (projet pop-indus orchestré par Trent Reznor et post-FIGHT) ainsi qu’à HALFORD (son nom, son groupe et son retour au Heavy-metal).

1993 donc, Rob en a marre du Heavy-metal et des clichés qu’il véhicule par le biais de JUDAS PRIEST. Que ce soit musicalement voir artistiquement avec l’utilisation quasi prévisible des ses 4,5 octaves ou de l’image sadomasochiste qu’il traîne lourdement. Son coming-out ne survenant qu'en 1998. La grosse moto, le cuir noir et les clous pour un créatif comme Rob a ces limites. Il lorgne désormais sur un metal plus contemporain dans la veine de ce qui se fait de mieux à l’époque du côté U.S. Nommons sans détour PANTERA, puisque toutes les photos qui accompagneront son projet à l’époque sont sans équivoque. Je me souviens d’avoir été surpris de voir ce « maigrelot » de Rob menaçant dans sa chemise rayée sans manche. Que voulez-vous, j’étais manipulé par les clichés qui auraient voulu justement que Rob ne sorte jamais de l’univers dans lequel il s’était ancré. Mais, toute prise de risque mérite d’être applaudis ne serait-ce que pour le risque en lui-même. (N’y voyez aucun parallèle avec le « St Anger » de METALLICA qui lui est juste la plus grosse arnaque marketing jamais réalisé, pas d’applaudissement pour eux s’il vous plaît!!). Fight nous offre, avec son premier disque « War Of Words », un disque de power metal bien balancé. Inspiré et nanti d’une belle équipe dont Scott TRAVIS, transfuge également de JUDAS et de ferronniers pas manchot, JAY JAY à la basse et Russ PARRISH et Brian TILSE aux guitares.

La seconde offrande de FIGHT n’est qu’un maxi composé de remix et de live. A ne conseiller qu’aux fans ultimes. Ce « Mutations » n’en est absolument pas une et pour le coup ce disque est pour moi l’occasion de faire rentrer du pognon.

C’est à l’arrivée de ce dernier opus de FIGHT que l’ont sent qu’il se passe quelque chose, un petit changement de line-up voit Russ PARRISH laissé sa place Mark CHAUSSEE. L’album est plus sombre, des effets ont été opérés sur certaines lignes vocales et l’on sent une envie d’explorations musicales en même temps qu’un retour à une construction plus heavy. Loin de moi un jugement dicté par l’image mais Rob a enfilé pour l’occasion son perfecto de cuir et les Ray Ban aux verres noires opaques. Lui manquerait-il quelques choses ? Il est trop tôt pour le présager mais on le sent, le Metal God a le cul entre deux chaises. « A Small Deadly Space » est un disque intéressant, fourmillant de soli de guitare et dont l’écoute laisse perplexe.

Les termes de « remixed et remastered » qui ornent chaque galette fournissent une appréhension de plus quant à l’importance de voir ces disques ressurgir en 2008, surtout pour le terme « remixed ». A n’en pas douter, les remix ici présent ne sont pas pour attirer les fans de Ricky MARTIN ! Le travail est cohérent et dépoussière l’ensemble sans le dénaturer. Cette initiative loin d’être bassement mercantile a mérité de voir le jour. Cependant, malgré les qualités intrinsèques de FIGHT, si Rob HALFORD n’en avait pas été un des instigateurs, nous n’aurions jamais plus entendu parler de ces disques après les 90’s. Les fans dont je fais parti seront comblés, les nostalgiques de l’âge d’or du métal également.

Quant au DVD qui accompagne le coffret, c’est une petite merveille qui porte également son époque ( 90’s) comme étendard, à chacun d’y voir son intérêt. Celui-ci est le témoignage live du groupe dans un club de Phoenix. Le plaisir se lit sur le visage des musiciens et Rob à l’étroit, s’en sort admirablement bien à 1000 lieues du gigantisme des tournées de JUDAS. Les bonus anecdotiques raviront les « die-hard » qui eux y verront les pépites historiques du groupe de ROB HALFORD. Il s’agit d’un bel objet dont le prix raisonnable encourage d’en faire l’acquisition mais qui restera dans l’ombre du nouvel album controversé de JUDAS.