Un son moins abrasif, des guitares qui prennent le pouvoir, des claviers au fort caractère, voici la potion nouvelle de DUB BUK. Une potion nouvelle qui, tout en conservant le fond de sauce cuisiné sur "Иду На Вы!", voit sa recette substantiellement modifiée. Et cela souligne, sur ce deuxième véritable album, une personnalité qu'on avait peine à distinguer précisément sur le disque précédent. Ouf, DUB BUK ne fait plus du NOKTURNAL MORTUM.

Ouf bis, DUB BUK a trouvé une formule plus que plaisante à l'oreille. Ne regrettons pas la disparition des accents folkloriques, païens et nationalistes, ils alourdissaient finalement un peu inutilement le pédalage d'un groupe qui méritait au moins une fois de s'extraire du peloton. De toute manière, pour assouvir son quota de slavitude, il suffit justement de pêcher au hasard au sein d'un peloton suffisamment dense pour que les pires hameçons se mettent à mordre. Et encore, doué d'intelligence, DUB BUK ne tourne pas vulgairement le dos à son passé, des pointes de tradition marquent toujours le nouveau relief de l'artiste. Ne serait-ce que ce dernier titre a capella, chœur viril dans la plus pure tradition (comme une réponse aux pleurs de babouchkas de l'essentiel "Battlefields" de HATE FOREST) ou la danse entraînante de fin de cinquième plage. Nous savons donc encore sur quelle terre nous posons pied.

FEAR FACTORY meets SLAYER. Titre un peu grossier mais qui a l'avantage de faire comprendre à tout le monde l'orientation originale de ce petit bijou taillé de bien étrange façon. Plus discrets, bien que toujours présents dans leurs accents symphoniques, les claviers apportent une nouvelle couleur à leur jeu, aujourd'hui parsemé de rythmes techno et de fines nappes cosmiques. Un glacis réussi sur un énorme pâté thrash option vieille école boosté aux cavalcades.
Sans révolutionner le petit monde de l'extrême, DUB BUK sait ici non pas se renouveler, simplement s'inventer. Il ne lorgne plus les deux yeux grands ouverts vers NOKTURNAL MORTUM, il trace son chemin armé d'une serpette connue mais qu'il manie avec savoir-faire. Il n'oublie ni les bonnes vieilles suées épiques, ni son énergie pousse-au-combat. Il nous gratifie d'un sens du dosage tout en malice.

Que demander de plus ? Une touche de génie peut-être, un stimulus érotisant, la pincée de sel qui piquerait les papilles. De la bien belle ouvrage que cette galette qui marque la naissance d'une nouvelle identité pour l'un des combos ukrainiens de plus haut rang. Mais un ouvrage qui se consomme vite. La faute en incombe probablement à cette riffitude immédiate, caractéristique première d'un thrash forcément moins magnétique que celui créé par la paire King/Hanneman et qui ne vit pas longtemps dans les mémoires. On tient là tout de même une belle distraction, tenue par une production sèche mais riche et qui ajoute encore au professionnalisme de ce chouette objet. De quoi headbanguer facile tout en se délectant des nombreuses trouvailles qui émaillent cette sincère réussite.