On trouve de tout dans les échoppes espagnoles. Au rayon metal, surtout. Composée de groupes ressuscitant les années 80, la scène ibérique semble à la recherche d’une gloire passée inexistante, tente de rattraper le temps perdu. Une scène essentiellement underground, sans référence fermement marquée, de suiveurs essentiellement, de pis-aller, pourrait-on dire, même. Mais une scène de qualité. On l’on trouve de tout, donc. Du sympho, du speed mélodique, du folklorique, du heavy/rock, l’amateur a cent occasions de venir farfouiller de l’autre côté des Pyrénées. Et celui qui cherche à se frotter à une formation de power montée sur ressorts ne regrettera fondamentalement pas son choix s’il s’oriente vers SARATOGA.

La formation madrilène n’en est pas à son coup d’essai. Après 13 ans d’existence, « VII » constitue son 9ème album, rien moins. Alors oui, NIME a beaucoup de retard à combler, d’autant plus qu’il y a sur cet opus quelques petites perles avantageuses et que se pencher sur les albums précédents promet, à l’aune de celui-ci, d’autres bons moments.

Jugez plutôt. Basse en avant, guitares acérées, chant rauque comme aux plus belles heures d’ACCEPT, refrains revendicateurs et production frottée au papier émeri, « VII » a griffonné son carnet de route de toutes les escales nécessaires à un album pugnace et rentre-dedans. Comme l’attestent le premier titre, « El Vuelo del Halcón », puis son successeur surtout, « Dueño del Aire », probablement le meilleur passage de l’album. Avec ses lignes de chant inspirées qui tiennent en haleine et ce refrain somptueux, on le croirait surgi du premier volet de la Saga des Vikings remarquablement composé par REBELLION. Une véritable merveille.
La suite n’atteindra pas un niveau similaire, mais réserve d’autres instants émérites, au premier rang desquels « Siete Pecados » et ses accents doom, le morceau hors de lui « Bailando Con El Diablo », l’épique « Huracán » ou le final « Semillas De Odio » et ses riffs bétonnés, ses soli à la LUCA TURILLI ou sa rythmique en faux plat qui fait croire à une promenade de santé avant que ne surgissent deux trois cols exténuants.
A part un ventre mou de quelques titres moins accrocheurs, comme « Sigues Estando (En Mi Vida) » ou « Gran Mago » qui échouent à conserver la cadence qualitative joliment imprimée par les deux premiers titres, on passe un moment franchement agréable, d’autant que la prod s’avère assez bonne.

Entre CHINCHILLA et GRAVE DIGGER, avec une petite touche doom jetée çà et là, ce neuvième album de SARATOGA fait la lumière sur une formation adroite et plutôt douée. Si l’on fait l’impasse sur ces quelques manques d’inspiration facilement identifiables au milieu de l’album, voila un produit intéressant que les amateurs de power allemand devraient apprécier.