Qu'a donc fait ce brave Fast Eddie Clarke après avoir quitté Motörhead en 1982, mettant ainsi fin à ce que beaucoup considère comme l'âge d'or du groupe ? Fastway devait être au départ un « super-groupe » réunissant l'ancien bassiste d'UFO, Pete Way, et Fast Eddie Clarke donc, d'où le nom Fast – Way. Finalement, Pete Way ne restera pas longtemps et s'en ira fonder un autre groupe... Waysted ! Bizarrement, aucun bassiste n'est mentionné sur ce premier album éponyme, à se demander si les parties ont été enregistrées par Pete Way lui-même ou non. A moins qu'il s'agisse du même bassiste que sur le second album, All Fired Up, en la personne de Charlie McCracken ? En tout cas, son nom n'est précisé nulle part.

All Fired Up est souvent considéré comme le meilleur album de Fastway, car plus travaillé. A l'inverse, ce premier effort est plus frais, plus spontané. Le groupe trace, fonce sans trop se poser de questions. Les deux albums ont leur qualité de toute façon, et ceci avant que Fastway ne s'oriente à partir de Waiting For The Roar vers un style plus FM, pas désagréable en soi, mais sur lequel j'ai du mal à reconnaître la touche Fast Eddie... ce jeu anarchique et diablement rock 'n' roll qui a fait les beaux jours de Motörhead et qu'il perdra peu à peu au fil des années.

Il serait tentant de comparer Fastway avec Motörhead car Fast Eddie Clarke garde encore sur ce premier album quelques gimmicks qu'il utilisait avec Lemmy, notamment pour certains solos, reconnaissables entre mille. Mais Fastway œuvre dans un hard rock nettement plus classique, du coup son jeu est devenu plus stylé, carré, moins bordélique... certains parleront certainement d'amélioration et de maturité tandis que d'autres (dont moi) continueront de préférer la folie et l'originalité qu'il dégageait avec Motörhead. Question de point de vue. Reste qu'ici, Fast Eddie Clarke est devenu un « simple » guitariste de hard rock classique, voilà tout.

La recette Fastway donc, elle est simple : prenons un zest d'UFO (pour le côté mélodique de la chose), une bonne louche de Led Zeppelin (pour les gros riffs hard rock, le batteur-cogneur Jerry Shirley et les aigus du jeune chanteur Dave King, à mi-chemin entre Robert Plant et Jack Russell... l'intro acoustique de "Another Day" dégage même un parfum Led Zeppelinien 70's pas désagréable, en ces années où l'influence du Dirigeable sera moindre, face à tous ces groupes de heavy metal britanniques – les Led-Clônes arriveront plutôt à la fin des années 80 !), sans oublier quelques résidus des années Motörhead (les rythmiques sur "We Become One", dans la veine d'un "Fast And Loose", ainsi que le riff de "Say What You Will", dans le plus pur style "No Class", doublé d'un solo construit comme celui de "Fire, Fire") et c'est parti ! N'empêche, avec la voix typée « US » de Dave King, la musique de Fastway trouvera davantage d'échos en Amérique qu'en Europe.

Si ce premier album démarre très fort, avec deux gros classiques du répertoire de Fastway ("Easy Livin'" et "Feel Me, Touch Me (Do Anything You Want)"), il est dommage que tous les morceaux ne soient pas aussi marquants et solides. Le disque défile, sans que l'on retienne telle compo plutôt qu'une autre, aucune n'est vraiment exceptionnelle, même si à la fin le refrain mélodique (vive l'Amérique là encore) de "You Got Me Runnin'" tire son épingle du jeu. Quoiqu'il en soit, on peut toujours pinailler, il n'empêche que pour les amateurs de hard rock 80, Fastway restera une valeur sûre, un groupe avec lequel on ne peut pas être déçu.