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2007 Nihil
 

- Membre : Cellar Darling

NUCLEUS TORN - Nihil (2007)
Par ORPHANAGE le 5 Juin 2007          Consultée 3308 fois

Voici enfin le premier album de NUCLEUS TORN « Nihil », premier volet d’une trilogie qui s’annonce fort intéressante. On le répètera encore une fois, mais Prophecy Records a toujours manifesté un goût exquis pour dénicher des signatures différentes et avant-gardistes, et ce n’est pas avec cet album, non sans imperfections, que son public de fidèles va changer d’avis.

Né du désir de se rapprocher d’une nature ambivalente et maîtresse de tout, « Nihil » est aussi placé sous le signe de l’innovation et de la création. Vous n’aurez jusqu’alors certainement jamais entendu un mélange aussi étonnant de Dark Folk, Metal extrême et rock progressif à l’esprit résolument indépendant de tout courant précis. C’est avant tout cette indépendance que l’on note et que l’on apprécie dans ce premier essai de NUCLEUS TORN : à contre courant de tout ce qui peut se faire en matière de Dark Folk, de Metal atmosphérique ou d’ambient, le groupe se fait le chef d’orchestre de mélodies atypiques et captivantes, d’arrangements vocaux délicats et intrigants (« Glass Spirit ») et de sobres mais capitales distillations de flûtes et violons intégrées avec raffinement dans l’ensemble (« Peregrina Sublime », portant vraiment bien son nom).

Le propos clairement tourné vers la nature, sa beauté, ses méandres enténébrés, sa violence comme son apaisement, sublime son expression dans un habillage mélodique et structurel forcément passionnant : les guitares légèrement noisy de « Summer Bled » côtoient la force atmosphérique douce amère d’un « Traveller’s Rest » ou les sanglots acoustiques retenus de « Peregrina Sublime ». L’insolente structure des morceaux tente avec honneur de donner la voie à une dichotomie fascinante de rugosité toute naturelle digne du Dieu Pan et de délicatesse dans l’expression harmonique à la fois imprévisible et d’une finesse très personnelle.

La démarche artistique de NUCLEUS TORN ne peut qu’enthousiasmer l’amateur de nouvelles expériences musicales revendiquant l’obédience de n’importe quelle scène musicale : certes le Metal extrême est là, mais jamais sous sa forme la plus poussée ; le timbre de voix s’éraille quelque peu sur des rythmiques plus enlevées mais qui ne pourront choquer que l’amateur renfermé de Dance Music. La tonalité sombre est elle-même relativement sous jacente car certaines mélodies sont loin d’être ouvertement mélancoliques, et les mesures les plus tourmentées ne sont pas non plus dépressives. NUCLEUS TORN a donc de très bonnes cartes en main : il n’est pas accessible car son style est unique, inclassable dans un courant plus que dans un autre, et son comportement mélodique est trop tortueux pour rentrer dans les cages à miel du féru easy-listening, mais son attrait sonore raffiné dans l’application, et plus brut et rustique sur la forme et le type de production choisi, peut grandement séduire les amateurs au goût déjà rodé ou ouvert. Car il ne fait aucun doute que le travail et la profondeur sont au rendez-vous.

Les qualités sont donc certaines, et l’essentiel pour devenir un excellent groupe est là. Mais on ne peut que faire des pronostics très réjouissants pour la suite, car l’album en présence, « Nihil », manque encore d’appui certain. Si ses idées sont excellentes et déjà fort bien exprimées, ici, les morceaux manquent encore d’épanouissement, les structures gagneraient à se solidifier pour permettre une assise mélodique encore plus frappante et moins dispersée. « Nihil » ne donne pas de claque. Certes bouleversant, il n’en est pas pour autant fulgurant, et les ritournelles séduisantes mi-bucoliques mi-ténébreuses pourraient prendre un envol certain avec une plus grande certitude dans la composition. On ne décolle pas encore, mais on sent que c’est possible. L’album est encore trop renfermé, et finalement, alors que l’on est déjà en présence d’une recette plus ou moins aboutie, on sent de telles possibilités que ce qui ressort de « Nihil », c’est un côté plus embryonnaire qu’autre chose. Ce cocon qui deviendra peut-être papillon au fil de la trilogie.

L’expérience reste à tenter. Folklorique à sa manière, émotionnel comme seul lui saura l’être, perturbant, hétérogène dans les structures et les genres abordés, mais homogène dans l’agencement du tout, NUCLEUS TORN se montre réellement artistique. Ce qui est tout de même fondamental, preuve que l’on peut attendre du très bon pour la suite. A moins que « Nihil » soit un incompris qui mérite encore plus que dix écoutes, ce qui est tout à fait probable. Comme toujours.

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   ORPHANAGE

 
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- Patrick Schaad (chant)
- Maria D'alessandro (chant)
- Rebecca Hagmann (violoncelle)
- Christoph Steiner (batterie, percussions)
- Christine Schüpbach-käser (violon)
- Anouk Hiedl (flûte)
- Fredy Schnyder (tout le reste)


1. Glass Spirit
2. Traveller's Rest
3. Night's Grace
4. Summer Bled
5. Close
6. The Sunclad
7. Peregrina Sublime



             



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