Il y a plusieurs façons de jouer du black metal. Non, je ne parle pas pour la Nième fois de la distinction true-black / black sympho (de toute façon, chacun sait ici que le sympho c’est pour les tapettes). Je parle de l’esprit, de l’intention. « Ah, c’te fois y caus’ du clivage trou – pas-trou ? » Mouais. En réalité, je parle de l’intention de concept des musiciens au moment de la composition. Certains racontent des histoires de chevaliers ténébreux qui combattent les forces du bien aux côtés de Satan, d’autres les mésaventures de voyageurs imprudents visitant un château perdu dans une forêt sombre et profonde. D’autres encore visitent des contrées enchantées et combattent orques et dragons. Enfin, certains s’ouvrent à un univers cosmique, poétique et philosophique. En bref, tous ne soignent pas l’esprit et l’univers de leur musique.

« Un Genre de Noir ». Un genre bien particulier oui, car comme je le disais il y a plusieurs façons de jouer du black metal. Et Xeohl refuse tout amalgame musical. Empreintant autant à la violence des premiers norvégiens qu’à la finesse des plus récents, Xeohl se distingue par son univers singulier de poésie noire et dépressive. Alternants passages mid-tempo lancinants et déferlantes de haine, l’ambiance est preneuse. Je tire les rideaux, coupe l’électricité et allume une bougie. L’immersion est totale. Je parlais de haine, de violence ? Oubliez tout cela. Fermez les yeux et laissez vous porter par la douceur de ces notes, la mélodie de ces harmonies. La basse claque et virevolte de notes en notes, les riffs se prolongent et se noient en complaintes obsédantes. Les Suédois de SHINING ou les Américains de XHASTUR ne sont jamais très loin, que ce soit dans l'atmosphère développée ou la durée des morceaux.

Finesse musicale, mais aussi finesse textuelle (bouh comme c’est moche). On dira finesse littéraire alors. Depuis quelques lignes, je parle de poésie. Beaucoup de groupes (encore que…) peuvent faire de la musique poétique (c’est le cas de Xeohl), de l’art visuel poétique (en témoigne cette pochette pour le moins énigmatique mais franchement distinctive), mais de la poésie dans les paroles, c’est déjà plus rare. Surtout dans le black metal, où on est plus souvent habitué à de la poésie de comptoir, quand c’est pas des récitations de CM2. Là non. Xeohl soigne autant les paroles que la musique, et ce n’est pas peu dire. Je vous laisserai découvrir les textes dans le livret, mais je ne peux pas m’empêcher de vous faire partager ces titres délicieux (ou ridicules, c’est selon) : « Le Hurlement du Vent Pire », clin d’œil à l’imagerie souvent clownesque du black metal et à laquelle Xeohl refuse d’être associée, ou « L’Art(r)iste dans la mort », jeu de mot simple, fin, et significatif. En somme, un bon résumé de la musique du groupe.

Simple, dans le sens où cette expérience n’est que l’expression sonore d’émotions et de sensations que chacun expérimente au cours de son existence. Fin par la technique des musiciens et intelligent par la construction des structures musicales. Significatif car ce voyage est sans pareil. Xeohl est une ode à l’introspection, à la mise à nu de son moi, mais aussi une réflexion sur les valeurs de la vie et de la mort.

De la musique qui a du sens.

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Ecouter des extraits : www.myspace.com/xeohl
Commander l’album : www.eisigermond-productions.fr