Quand on parle de hard rock/sleaze, les groupes officiant dans ce registre viennent pour la plupart des USA, des pays scandinaves, de Grande Bretagne ou, dans une moindre mesure, d'Italie. En revanche, on n'a guère entendu parler de groupes sleaze en provenance d'Allemagne. Et bien, Eat The Gun est là pour signaler que l'Allemagne n'est pas inexistante et peut aussi avoir son mot à dire dans ce domaine.

Et Eat The Gun n'en est pas tout à fait à son premier coup d'essai puisque ce combo avait sorti en 2003 un EP intitulé "Kingsize" en 2003. Il revient 3 ans plus tard avec, cette fois-ci, son premier véritable album: "Cross your fingers".

Musicalement parlant, ce quartette nous emmène en terrain assez connu (du moins, pour ceux qui connaissent un minimum ce créneau musical). En effet, Eat The Gun puise largement ses influences du côté de Guns N' Roses, Skid Row, Spread Eagle, L.A. Guns, Slash's Snakepit, mais aussi des combos suèdois comme Nasty Idols, Backyard Babies, voire Cosmic Ballroom. Ce premier véritable album studio de Eat The Gun lorgne donc ouvertement du côté du hard rock/sleaze période fin 80's/début 90's et quand on jette un coup d'oeil sur la pochette, on est certain qu'il n'y a pas tromperie sur la marchandise.

D'ailleurs, "I'm broken" plante le décor d'emblée: compo hard rock/sleaze percutante qui fait taper du pied, avec une petite touche décadente et évoquant les heures glorieuses de la fin des 80's. Les titres suivants, "Life's a bitch" et le mélodique et catchy "Livin' on dope" (celui-là me rappelle mes années lycée, tiens !), sont un chouia plus sombres et fleurent davantage la première moitié des 90's, mais restent néanmoins assez entrainants. On revient à quelque chose de plus résolument sleaze avec le venimeux et groovy "Glorious time" et ses guitares hypnotiques, débordant d'enthousiasme et son solo très "slashien" dans l'esprit. Quand à "Me & myself", c'est un brulôt à la fois cradingue et mélodique, catchy dans l'esprit, et donnant furieusement envie de taper du pied. Qui plus est, le refrain est diablement fédérateur(peut-être même l'un des plus imparables de ces dernières années) et reste scotché dans les esprits. Le mid-tempo "Get sleazy", qui met nettement la basse en avant, est, lui, groovy en diable, contagieux et pas très loin de la fusion: on imagine volontiers une jam entre Aerosmith et Red Hot Chili Peppers et les filles se déhancher sur ce titre... "Only the bad survive" est l'archétype du titre hard rock crade, brut, tapageur et joué sur le fil du rasoir, avec notamment un refrain fantastique. On appréciera également le festif et vicelard "Big shot" (avec pas mal de "fuck"), ainsi que "Sweet Lorraine", une compo rapide, rythmée, énevée avec son refrain de killer.

Sur cet opus, on relève d'autre part 2 chansons moins inspirées, moins efficaces: "Black hearted", une compo hard/pop aux relents grungys et déguisée en ballade qui est assez quelconque et laisse un sentiment de "déjà entendu à maintes reprises", ainsi que "Slaves to freedom", une power-ballade un peu mélancolique.

Ceci dit, "Cross your fingers" est un très bon album teinté sleaze-rock, anti-prise de tête et suffisamment enthousiaste pour convaincre son auditoire. On regrette juste que la production laisse un peu à désirer (la batterie n'est pas franchement mise en valeur, par exemple). Il est tout de même à signaler que cet album fourmille de très bons riffs, de bons solos, et c'est un argument supplémentaire pour se laisser convaincre par cette galette. Vous pouvez donc tester ce premier véritable album studio de Eat The Gun, peut-être que ça va vous plaire, qui sait ?