Formé dans les années 80, le quintette américain Lethal a attendu l'année 1990 pour sortir son tout premier album "Programmed". Celui-ci sort sur le label Metal Blade. Lethal n'a aucun rapport avec la vague Hard US ou la vague thrash-metal de la Bay Area. Il ne doit pas non plus être confondu avec le groupe argentin du même nom qui, lui, oeuvrait dans le thrash dans les 90's. Non, ce groupe originaire du Kentucky est plutôt proche de combos tels que Quennsrÿche, un peu Iron Maiden, voire Fates Warning.

On a donc affaire à un groupe de metal progressif. Oui, mais attention, Lethal propose des chansons à la structure relativement simple, ne part pas dans des démonstrations tarabiscotées et si les musiciens sont doués, ils ne font pas pour autant étalage de la technique à outrance.

Avec le premier titre, "Fire in your skin", on arrive déjà à plus ou moins cerner ce groupe: l'intro du titre est longue, travaillée, structurée, mélodique, un peu sombre, puis les riffs heavy à la Metallica montent crescendo en puissance. Cette compo est heavy à souhait, musclée, intense, avec d'occasionnels changements de tempo impromptus et une voix haut perchée (celle du chanteur Tom Mallicoat) qui ressemble franchement à celle de Geoff Tate. Ce titre s'inscrit bien dans la tradition Queensrÿche/Iron Maiden. "Programmed", qui suit, est plus ou moins dans la même veine et on retient en particulier son refrain majestueux, accrocheur, qui prend aux tripes. "Plan of peace" est un titre court, mais épique, intense et le chanteur Tom Mallicoat est ici à créditer d'une grosse performance vocale (il faut l'entendre avant le solo pour le croire). "What they've done" fait partie des meilleures trouvailles de l'album: intro à l'ambiance de film dramatique, mélodies qui progressent crescendo jusqu'au couplet. On est là en présence de l'archétype de la compo progressive "queensrÿchienne" et quand on rentre dedans, on n'en sort plus. Le ton se durcit sensiblement sur "Obscure the sky", un titre heavy énergique, vigoureux et mis sur orbite par une brève inro mélancolique. "Immune" se distingue par son côté punchy, enlevé avec quelques cavalcades de guitares bien senties, un refrain typiquement 80's et une intro/outro plus calme, plus mélancolique. Enfin, "Killing machine" est un titre heavy, très rythmé dont on retient surtout le refrain et son final qui donne la chair de poule, mais qui est quand même un peu pompé sur Iron Maiden.

Pour compléter cet album, on y trouve 2 ballades. La power-ballade "Another day" est la mieux réussie: elle n'est pas exceptionnelle, mais reste sympa, de facture classique avec ses mélodies tristes, mélancoliques et son refrain hargneux, et on retient surtout son long solo dont la structure est réellement progressive dans sa façon de faire évoluer la chanson. Par contre, l'autre ballade, l'acoustique "Pray for me", est trop courte, pas assez travaillée, plutôt bâclée.

Dans l'ensemble, on peut quand même dire que ce premier album de Lethal, bien que très proche de Queensrÿche, voire Iron Maiden, est quand même assez réussi (ce qui n'est pas vraiment le cas de la pochette, par contre). "Programmed" est un disque très porté sur les cavalcades de riffs, l'intensité (le chanteur y est pour beaucoup). Le ton de l'album est globalement sérieux, mais jamais prise de tête. L'ensemble est assez homogène, mais ce n'est pas pour autant la perfection: on regrette juste qu'il manque à celui-ci 1 ou 2 titres vraiment irrésistibles, intemporels comme chez Queensrÿche. Ce 1er album de Lethal ravivera cependant bien des souvenirs aux nostalgiques de la scène metal des 80's/début 90's.