"What do you know about rock n'roll ?" est le second album de Slave Raider et c'est avec cet album que j'ai découvert ce groupe. Le précédent album "Take the world by storm", paru en 1986, avait marqué plusieurs esprits et ce groupe américain s'était fait une réputation en adoptant une attitude guerrière et en utilisant des tronçonneuses sur scène.

"What do you know about rock n'roll ?" voit le jour en 1988 sur le label Zomba et le quintette américain reçoit un renfort de choix: le producteur Chris Tsangarides. Si on se penche sur les paroles des chansons, on s'aperçoit que ce "What do you know about rock n'roll ?" ressemble à un concept-album parlant de rockers oppressés par des représentants de la loi, désireux de les remettre dans le droit chemin et les empêcher de vivre leur passion, considérée comme une offense à la bien-pensance.

C'est le mid-tempo heavy-rock "Is there rock n'roll in heaven ?" qui lance les hostilités. Avec son refrain fédérateur, repris en choeur, il est de bonne facture et s'avère bien ancré dans son époque. C'est après que les choses se compliquent un peu. En effet, Slave Raider propose 2 titres heavy dont les influences de Iron Maiden, Saxon ressortent, mais qui manquent cruellement de conviction et ne sont franchement pas folichons. Des titres peu efficaces qui ne resteront pas dans les annales, on en trouve quelques autres sur cet album: citons, par exemple, "Roller coaster", un titre moyen au final répétitif, chiant, le mid-tempo heavy "Guilty", pas assez travaillé, qui m'a fait penser à une démo inachevée. Quant à la cover de Thin Lizzy "Jailbreak", plus virile que l'original, elle n'est pas désagréable, mais inférieure à l'original.

Ceci dit, Slave Raider a tout de même réussi à pondre quelques titres plus inspirés. Par exemple, le mid-tempo hard/heavy "Keep on pushin' " est asez bien foutu avec son final accéléré, dejanté, "Sin city social", avec son intro acoustique façon western-spaghetti et ses guitares parfaitement complémentaires et bien synchros avec le chant de Chainsaw Caine, "The high priest of good times", une compo Hard US catchy, entêtant, anti-prise de tête et dans l'esprit de Mötley Crüe, le tapageur "What do you know about rock n'roll ?" qui a le potentiel d'un hymne, d'un classique ou encore "Wreckin' machine", à la fois heavy, hargneux et accrocheur.

Cet album a par-dessus tout, un défaut majeur: les morceaux sont mal répartis sur l'album, mal placés stratégiquement. Par exemple, le speech de "The magistrate" aurait dû être posté au tout début, en tant qu'intro idéale, suivi de "What do you know about rock n'roll ?". Et pour un concept-album, ça la fout plutôt mal, ce genre de détail...

En conclusion, cet objet laisse un sentiment d'inachevé, de gachis. D'une part, il alterne le bon et le moins bon si on se focalise sur les titres. D'autre part, ceux-ci étant mal répartis, on a le sentiment que l'ensemble manque un peu d'unité. L'idée de base de ce groupe était certainement intéressante. Seulement, de bonnes idées, une bonne production et des musiciens compétents ne suffisent pas pour réaliser un carton. Et Slave Raider a loupé là une belle occasion de se faire davantage connaître. Dommage.