Au cours des années 80, le paysage rock/hard rock américain a vu défiler pas mal de groupes chrétiens: outre STRYPER, il y eut WHITECROSS, JOSHUA, GUARDIAN, HOLY SOLDIER, ANGELICA, SACRED WARRIOR, IDLE CURE, entre autres. Dans le cadre de cette chronique, c'est sur Idle Cire que nous allons nous attarder. Originaire de Californie, cette formation sort son premier album éponyme en 1986 sur le label Frontline Records.

Officiant en tant que quartette, Idle Cure recrute occasionnellement le batteur Dave Spurr et fait appel à plusieurs musiciens additionnels pour mener à bien son premier opus. Musicalement, on peut rapprocher ce combo de groupes tels que DEF LEPPARD, FOREIGNER, SURVIVOR, TOTO. Les plus connaisseurs diront qu'il y a des similitudes avec STRANGEWAYS, AVIATOR...

Ce premier album démarre de la plus belle des manières: avec "Breakaway", un mid-tempo hard mélodique très teinté DEF LEPPARD, mais joliment exécuté avec un refrain accrocheur, fédérateur, de jolis choeurs, des claviers discrétement et efficacement présents. Il s'agit-là d'un des classiques du groupe, un hymne AOR en puissance. Un tel début laisse forcément entrevoir de belles choses.

La suite n'est malheureusement pas aussi idyllique, puisque Idle Cure enchaîne avec des titres pour le moins poussifs. Par exemple, "Silent hope" commence par une intro aux synthés, à l'ambiance atmosphérique, mais ne décolle pas, les guitares étant en retrait par rapport aux nappes de claviers et le titre est trop "light", manque singulièrement de mordant, seul le refrain valant le détour(même s'il y a mieux dans ce domaine). "Feeling the heart" est un mid-tempo hard/pop plus ou moins conçu dans le même moule, très aseptisé, malgré un bon refrain et un solo de saxophone sympa. Mais le pire, c'est quand même la ballade "Take it" qui est molle, ennuyeuse, soporifique au possible et qui pourrait aisément passer dans des soap-operas du style "Les feux de l'amour" ou "Santa Barbara"(je dirais plutôt: "ça te barbera"). L'autre ballade de l'album, "From the heart", sans être transcendante, est plus supportable, à défaut d'être géniale et correspond parfaitement à ce qu'on entendait de la part des groupes de hard FM dans ce type d'exercice dans les 80's.

Il y a tout de même d'autres bons titres en dehors de "Breakaway". "Come back to me" est une compo hard/pop convaincante, servie de surcroît par des mélodies accrocheuses, "Overdrive", plus rythmé, se veut plus foncièrement hard grâce à des guitares plus incisives, plus rudes, de superbes arrangements(ces nappes de claviers sont majestueuses) et un refrain dans la lignée de ce que Toto sait faire de mieux. Enfin, "Come alive" est un titre hard mélodique de haute volée, sans faille avec des claviers présents, mais pas trop, des choeurs parfaits. Exécuté parfaitement, ce titre est juste à point, "al dente" comme diraient les italiens.

En conclusion, je dirai qu'il s'agit-là d'un premier album alternant le bon et le moins bon. On y trouve de bonnes idées, le groupe est animé de bonnes intentions, mais l'ensemble n'est pas transcendant. Pourtant, on sent que Idle Cure a un certain potentiel avec de très bons musiciens, un bon chanteur(Steve Shannon), de jolis choeurs, mais il n'exploite pas pleinement ses possibilités et certaines compos laissent un goût d'inachevé, d'autant que les claviers sont trop présents. Le verdict, à l'issue de l'écoute de cet album: Idle Cure est un élève serieux, appliqué, mais peut mieux faire et doit perséverer s'il veut convaincre totalement.