Imaginez que vous tombiez sur le premier effort solo de l’un de vos artistes favoris et qu’a son écoute, il vous apparaît très clairement que c’est une sombre merde… Comment réagiriez-vous ?

Personnellement, j'ai trois types de réactions qui s’enchaînent.
Ca commence par la compassion :
- Oui mais bon, c’était une œuvre de jeunesse, il a fait mieux depuis…
S’ensuit habituellement la mauvaise foi :
- Ah mais il faut reconnaître que tout n’est pas mauvais quand même…
Pour finir la lobotomisation, comme un fan débile :
- Non finalement je commence même à l’apprécier cet album !

Mais pour commencer, qui est cet ANTHONY ?
Ce pseudonyme ne vous dit sans doute rien et pourtant vous le connaissez probablement car ANTHONY n’est autre qu’Arjen Anthony Lucassen (AYREON - STAR ONE - STREAM OF PASSION) alias un poids lourd dans le monde du Prog moderne.
Mais un (très) bref résumé d’histoire s’impose pour connaître l’origine de cet album :
Arjen Lucassen commence sa carrière musicale dans le groupe de Heavy Métal : BODINE puis rejoint rapidement VENGEANCE, formation Allemande de Hard Rock FM (de 1984 à 1992) qui connaîtra un certain succès d’estime au Japon. Après moult difficultés, le groupe arrête ses activités laissant Arjen assouvir un vieux rêve : Chanter !
Pools Of Sorrow – Waves Of Joy sort donc en 1993 et sera un énorme bide… de part des arrangements simplistes, des compositions bancales et surtout un chant à chier, il incitera Arjen à stopper sa carrière de chanteur et à tenter sa chance vers un autre de ses projets, bien plus ambitieux celui-ci : créer un Opéra Métal.

Bon AYREON c’est pas encore pour tout de suite alors analysons plutôt l’album qui nous intéresse ici.
J’ai beau avoir l’intégrale des albums des PRESIDENTS OF THE UNITED STATES OF AMERICA , ainsi que des compiles de RICHARD GOTAINER et CHANSON PLUS BIFLUOREE, si je devais choisir le disque le plus drôle et le plus ridicule de ma collection, je crois que ce Pools Of Sorrow – Waves Of Joy remporterait le premier prix…
Imaginez un mélange de Pop, de folk, une bonne dose de Rock et une pincé de country le tout avec une batterie électronique et des sonorité parfois eighties, rajoutez-y quelques nappes de synthés et vous obtiendrez des petits bijoux de mièvreries comme la très sérieuse "Wrong Side Of The Street", la gnangnan "Best Of Friends" ou bien encore la déprimante "Summer's In The Air".
Mais mettons de coté les mauvaises chansons chiantes et passons aux mauvaises chansons drôles. Car le bonhomme à de l’humour et le titre "Country Girl, City Boy" en plus de donner la folle envie d’enfiler des bottes, de se coiffer d’un chapeau de CowBoys et de crier Yiiihaaa au milieu d’une piste de danse, est réellement tordante.
Dans la même veine Country musique chez les ploucs, "Midnight Train" avec ses bruitages ringards, est vraiment à mourir de rire. (bruits de vieilles locomotives, coups de pistolets etc…)

Mais tout de même on commence à s’interroger sérieusement …
- Attends c’est le même mec qui a crée AYREON ? C’est le même gars qui fait des arrangements magnifiques sur ses derniers albums et qui nous sort des bruitages dignes de TEX AVERY sur ce disque ???

Car Arjen Lucassen cache bien son jeu. Si on gratte un peu la fine couche de ringardise générale de ce disque, on y découvre ni plus ni moins que les fondations de son futur ouvrage : AYREON.
C’est même flagrant après plusieurs écoutes (sur les premières on rit trop) La rythmique et le chant de "Not Over you" ressemble à "Across the rainbow bridge"(Into The Electric Castle), "Days of The Knights" avec ses sonorités médiévales est le petit frère de "Sail Aways to Avalon" (The Final Experiment) et l’instrumental « Pools Of Sorrow » qui clôture l’album, fait penser au refrain de "Ye courtyard minstrel boy" (The Final Experiment).
La patte Lucassienne était là devant nous et je me rends alors compte que ces titres sont loin d’être mauvais et pire que je les apprécie de plus en plus.
"Crescendo" commence alors à me revenir en tête avec son jeu de guitare aérien et "Night On The Town" malgré sa simplicité accablante, fait inlassablement taper du pied.

Et là c’est le drame … La Lobotomisation a fait son œuvre et je trouve cet album sympa. Et pire, je suis même en train de pondre un long texte qui se voit condamné par avance à ne trouver que peu de lecteurs, sur un album que personne n’écoutera vu sa faible qualité et le fait qu’il soit très ardu de se le procurer à l’heure actuelle…
Anéanti par cette nouvelle, je décide donc de pondre une conclusion à la va vite pour abréger les souffrances des rares lecteurs étant parvenus jusqu’ici :

« Alors au final, Pools Of Sorrow – Waves Of Joy comporte un chant franchement mauvais mais qui fait son charme. Des compositions "Has Been" mais qui donnent la banane et enfin de bons titres capables de nous faire oublier les très mauvais que contient l’album. »

Puis je me remets l’album en boucle et tout en me tapant fortement la tête contre les murs, je chante frénétiquement durant toute la nuit :

Hey you country Girl
You look so hot you’d make a straight hair curl
You’ve got everything it takes, oh no
To make my skin crawl, a teardrop fall
Whatever I want she’s got it all
I can’t help it I’m in love love love…
With a country Girl
I’m a city Boy

YIIIHAAAAAAAAA !!!!!!