Si ce nom ne vous dit rien, les choses risquent de plus vous interpeller si je vous dis que ce groupe regroupe des membres de formations diverses dont CULT OF LUNA. Trio formé dans un esprit familial et amical, le line-up change selon les disponibilités et les envies de chacun. Sous ses airs de groupe gentil, KHOMA n’est pas moins un groupe engagé, politisé et alter-mondialiste. Signé sur le très underground label Roadrunner (ironie inside >_<), les suédois sortent The Second Wave, leur deuxième album, qui fait suite à Tsunami datant de 2004.

S’il y a des relents de post hardcore ici, l’amateur lambda du genre risque fort d’être déconcerté aux premières écoutes. Je suis moi-même restée un bon moment perplexe lors de mes premiers contacts avec le combo. Mais avec un peu de persévérance, j’ai fini par me laisser prendre au jeu, et je ne suis pas déçue du voyage.
Pour éviter la moue dubitative comme je l’ai eue, il y a trois choses à éviter avant d’enfourner la missive dans votre platine : vous attendre à un chant hurlé et typé hardcore, vous attendre à une musique proche de l’instrumental et vous attendre à des compositions qui s’étalent au maximum. La musique de KHOMA est ancrée les deux pieds dans la terre et rappelle fortement l’univers de CULT OF LUNA de par un riff rugueux et épais, ainsi qu’une basse qui ne fait qu’asseoir la lourdeur générale. Dépassés ces deux points, un bon nombre de codes du post hardcore sont brisés. Sans être novateur, KHOMA parsème son ensemble d’un habillage rock et épuré, avec des intonations pop aérienne et mélancolique dûes en grande partie aux claviers et au piano. Du mélange des genres entre COL et SIGUR ROS, se hisse en hauteur un chanteur à la voix somptueuse (j’ai eu du mal à l’apprécier aussi, mais maintenant je ne m’en lasse pas) dont la couleur est à mettre entre Matthew Bellamy (MUSE) et Thom Yorke (RADIOHEAD).

Chaque style s’imbrique en mosaïque, amenant une fougue et une fragilité aussi bien dans le fond que dans la forme. Malgré des structures relativement basiques, KHOMA porte avec maturité et intelligence une multitude d’influences. La puissance s’allie aux atmosphères plus douces, créant une tension permanente parfois traduite par des montées en puissance simples mais autant chargées en émotions qu’en force (« Like Coming Home » « One Of Us Must Hang ») ; ou par des accalmies révélant un certain malaise (« Hyenas » mise en valeur par le piano; « Asleep » ballade qui même si elle rappelle SIGUR ROS, reste la seule faute de goût de l’album car beaucoup trop sirupeuse). Le plus étonnant, c’est l’homogénéité qui règne dans ce disque. Quand j’écoute un titre je me dis « c’est celui que je préfère », j’enclenche le suivant, la même pensée me traverse, et ainsi de suite! (Sauf pour « Asleep » ^_^)

Préférant révéler toute sa beauté sur la longueur, l’émotion renfermée dans The Second Wave reste contrôlée tout au long des 11 titres, s’épanchant de façon harmonieuse mais jamais uniforme. La douceur cotonneuse et éthérée est mélangée à des passages d’une dureté et d’une puissance qui en impose. Une fois de plus, la Suède est un véritable nid qui regorge de groupes plus talentueux les uns que les autres. KHOMA fait bien entendu partie de ceux là, il ne vous reste plus qu’à vous faire submerger par cette impressionnante vague.