Curt Shaw est un guitariste américain qui, dès la fin des années 80, a commencé à jouer dans différents groupes de metal. Il se lance maintenant dans son premier album solo, entièrement instrumental. Dès les premières notes de claviers sur Class Sick, on se croirait replongé dans Fire and ice de Yngwie Malmsteen, plus précisément sur l'instrumental Perpetual. La recette est simple : des gros riffs thrash à la Megadeth mêlés à du néo-classique à la Malmsteen. Et ça dépote, le mélange est particulièrement jouissif et séduit dès les premières écoutes. Et rien qu'avec le clin d'oeil sur le titre d'un morceau, I'm not a viking, on sait tout de suite à quoi s'attendre. Mais si on se penche de plus prêt sur les compos, il est évident que tout n'est pas parfait. Même si ça riff dur, cela reste un album réservé surtout aux guitaristes et aux fans de Malmsteen, avec rien que du shred comme attraction principale. L'originalité est absente, inutile de le préciser.

Mais Curt Shaw sait se montrer efficace et incisif, avec parfois des riffs "robotiques" que l'on croirait sortis de l'époque So far, so good... so what ? de Megadeth, sur Joust en particulier. La présence d'un batteur est crédité dans le livret mais on a plutôt l'impression qu'il s'agit d'une boite à rythme tellement tout cela sonne inhumain et mécanique. Curt Shaw parvient également à proposer quelques ambiances intéressantes grâce aux claviers et aux arpèges, même si ces derniers sont parfois téléphonés (le coup de l'arpège arabisant vu et revu sur Egyptian Moon).

Tout ne sonne pas néo-classique non plus, Hammer Time et Critical Mass lorgnent plus du côté de Steve Vaï, peut-être à cause des bizarreries "Zappaïennes" qu'on retrouve dans son jeu. Plus étonnant encore, les quatre derniers titres sont acoustiques, dans un trip country, blues ou flamenco. On ne s'attendait pas à voir débarquer des titres aussi apaisants de la part d'un shredder. La preuve qu'il souhaite se diversifier au maximum et ne s'imposer aucune limite pour ne pas être catalogué comme simple "clône de Malmsteen", on ne peut que l'encourager à continuer dans cette voie. Pour l'instant, on se contentera de cet album, présenté d'une façon un peu maladroite et "patchwork", sans oublier bien entendu que la concurrence parmi les guitaristes sous influence Malmsteenienne est rude, très rude.