The Organization est issu des cendres de Death Angel (qui avait à l'époque cessé d'exister sous ce nom en 1991). En fait, plus exactement, lorsque le chanteur de Death Angel, Mark Osegueda, a décidé de quitter le groupe, les autres membres ont décidé de continuer sans lui et par la même occasion de changer de style et de nom (on remarquera que "The Organization" est le titre de l'un des morceaux d'"Act III" de D.A....). Fini le Thrash Metal violent, place à un mélange de Metal et de Rock, ou pourquoi pas aussi parler de Fusion, car la section rythmique est parfois assez funkisante. Cela dit, déjà chez Death Angel, les albums "Frolic through the Park" et "Act III" avait déjà amorcé une évolution du Thrash Metal pur et dur (le cultissime premier album "The Ultra-Violence") vers des horizons plus variés...

Pourtant, a priori, on ne trouve rien de foncièrement original sur ce premier album de "The Organisation" : des riffs, des solos, des intros acoustiques, du chant tour à tour agressif et mélancolique... Seuls le saxophone inattendu de "Lift" et un peu de violoncelle et de violon sur quelques power ballads arrivent à surprendre un peu l'auditeur.

Mais malgré tout, cet album, passé pourtant complètement inaperçu, est tout simplement excellent ! Pour remplacer Mark Osegueda, Rob Cavestany (parfois aidé par Andy Galeon) s'est octroyé le chant, et s'acquitte de cette tâche avec les honneurs. Les guitaristes Rob Cavestany et Gus Pepa sont toujours aussi inspirés (solos déments sur "Free Burning" et pleins de feeling sur le superbe "Policy", rythmiques à la Metallica sur "Bringer", etc.). Les titres s'enchaînent avec bonheur, le son est bon, le tandem basse/batterie est redoutable, bref, on se régale !

Outre les titres un peu funk/jazz/Metal ("Brainstorm", "Bottom Dog"), l'une des tendances adoptée par le groupe est la pseudo-ballade avec intro acoustique ("Bringer", "Wonder", "The Past") mais qui s'énerve par la suite, tout en restant mélodique. Et boudiou que c'est réussi !

Et que les amoureux du Thrash se rassurent, il reste tout de même quelques traces de ce style sur l'instrumental menaçant "Withdrawal", la fin de "Lift" ou le dernier titre "Been Nice" (avec une petite surprise du meilleur goût que je vous laisse découvrir en toute fin de morceau, après un blanc d'une bonne minute... !).

En fait, la démarche de The Organization fait un peu penser à celle de Metallica en 1996, qui décida d'abandonner le Thrash et le Heavy puissant pour se consacrer au Rock plus varié teinté de Metal avec "Load". Mais si "Load" peut être considéré comme un semi-échec, le premier album de The Organization est selon moi une franche réussite. Il est vrai toutefois que l'enjeu n'était pas le même, Death Angel/The Organization étant beaucoup moins sous le feu des projecteurs que les Four Horsemen !

Pourtant, après un second album ("Savor the Flavor") en 1995, tout s'arrête en 1996 pour The Organization (faute de succès ?!) et c'est bien Death Angel qui renaîtra de ses cendres en 2002, publiant "The Art of Dying" en 2004.