Lorsque Pink Cream 69 sort son troisième album "Games people play" en 1993, le contexte a bien changé puisque le hard mélodique n'a plus vraiment la côte. Cet opus marque une évolution au sein du groupe: tout d'abord, sa pochette contraste avec celles des 2 précédents disques qui étaient plus colorées. Ensuite, en consultant le livret, on se rend compte que les textes sont plus sérieux, tout comme les musiciens qui apparaissent moins joyeux que les précédentes années.

Sur le plan musical, Pink Cream 69 a davantage mis l'accent sur le côté brut et rèche de sa musique et il faut plusieurs écoutes pour apprivoiser les compos de ce "Games people play". Le premier titre "Face in the mirror" indique clairement que l'ambiance est plus sombre et flirte même légèrement avec le grunge. Mais rassurez-vous: ce titre est plutôt heavy et le côté mélodique qui caractérise PC69 n'a pas disparu. Mais on sent quand même chez le quartette une volonté de se remettre en question.

La suite montre que Pink Cream 69 n'a pas pour autant changé de style musical. On retrouve quelques mid-tempos de qualité(le point fort du groupe) et bien travaillés tels que "Way down" sur lequel la section basse/batterie donne l'impulsion, le puissant "Shattered" aux riffs metal, le sombre et mélodique "Till you're mine"(qui préfigure un peu ce que sera PC69 sur les albums suivants). Mais LE titre-phare de l'album est "Keep your eye on the twisted", un morceau de bravoure teinté big-rock, entêtant à souhait et à la basse groovy, que le groupe joue encore régulièrement de nos jours. Dans un registre plus couillu, le quartette de Karlsruhe a signé 2 très bons titres comme le rapide "Monday again" et "Condemnation", incisif et par moments plus speed.

Quant aux expérimentations, elles apparaissent sur "Dyin' century", un mid-tempo mi-indus, mi-"zeppelinien" dont les paroles sont pessimistes, mais réalistes, ainsi que sur l'instrumental bizarroïdes "Backflash" dont on se demande quel est son intêret.

Enfin, 3 ballades complètent cet album. "Still alive" est la mieux réussie de toutes avec ses mélodies qui restent dans les esprits. "Somedays I sail", tantôt acoustique, tantôt électrique, est assez conventionnelle dans le genre et, sans être ultime, reste dans les limites du correct. Par contre, la ballade acoustique "Don't let it all comes down", en plus d'être soporifique, n'est pas assez travaillée et donne l'impression d'avoir déjà été entendue à maintes reprises.

Ce 3ème album de Pink Cream 69 reste de bon ton, mais n'est pas pour autant un chef-d'oeuvre des 90's. Dans l'ensemble, les compos sont plus matures, plus brutes que sur les 2 précédents opus, mais globalement moins efficaces. Le côté positif à retenir, c'est que les musiciens sont davantage aguerris et maitrisent remarquablement leur sujet. "Games people play" marque quand même une étape importante dans la carrière de Pink Cream 69 car il est le dernier album avec Andi Deris au chant et laisse entrevoir un changement d'orientation musicale(qui apparaitra sur "Changes" en 95 et "Food for thought" en 97).