2 ans après avoir sorti son premier album éponyme, couronné d'un succès appreciable(disque d'or aux USA), Trixter remet le couvert en 1992 avec un successeur intitulé "Hear !". L'album précédent était sympathique et, s'il comprenait quelques morceaux de heaute volée, n'était pas exceptionnel et avait un petit côté "rock pour public adolescent".

Ce deuxième album de Trixter constitue un grand pas en avant car les compos sont plus matures et, surtout, le quartette americain a sensiblement durci le ton(dans pour autant changer d'orientation musicale). Si sur le verso du CD, on peut apercevoir le guitariste et le batteur arborant une chemise à carreaux, la musique reste très big-rock dans l'esprit, avec un côté burné fort appréciable.

L'album commence par "Road of a thousand dreams", un titre de rock mélodique à la fois catchy et musclé(gràce à une rythmique enlevée), avec quelques discrets accents folks. Si ce titre est très accrocheur et convaincant, on peut objecter qu'il eut été préférable d'ouvrir l'album par un autre titre, plus foncièrement hard. Car la suite est résolument plus percutante. Le mid-tempo "Damn good", le virulent et irresistible "Rockin' horse" qui donne une pêche d'enfer(c'est bien le cas de le dire !), l'enervé "Bloodrock" et le punchy, enjoué et rigolo "On the road again", qui relate la vie d'un groupe de rock sur la route, se posent là pour montrer ce que Trixter a dans le ventre et, croyez-moi, ça fait du bien par où ça passe(par les oreilles, surtout !).

Trixter a d'autres atouts dans son manche comme le prouvent "Nobody's a hero", mid-tempo hard mélodique qui a le potentiel d'un mega-tube imparable et superbement arrangé, ou encore le bluesy et vitaminé "Wild is the heart", renforcé par quelques notes de piano et d'harmonica, et doté d'un refrain énorme et contaminant. De plus, on a la preuve que ce quartette americain a considérablement progressé: les titres "Waiting in that line" et "What it takes" commencent de manière laborieuse, mais les musiciens du groupe réussissent à réctifier le tir en rendant ces morceaux de bonne facture, voire imparable(Cf. le final virevoltant de "What it takes").

Dans le registre des ballades, Trixter s'en est assez bien sorti avec le bluesy "Runaway train" et, à un degré moindre, l'acoustique "As the candle burns", très calme. Par rapport au précédent opus, on se rend compte là aussi des progrès que le groupe a accomplis.

Bien sûr, Trixter était une cible facile(et désignée ?) pour les detracteurs du Hard US qui lui reprochaient d'être un combo trop convenu, sans personnalité et ne faisant peur à personne. Certaines photos, voire certains clips du groupe n'ont pas non plus plaidé en faveur de celui-çi. Pourtant, lorsqu'on écoute "Hear !", ce qui en ressort, c'est qu'il s'agit d'un putain de bon album de big-rock. Si Trixter donne l'apparence d'un groupe ne se prenant pas au sérieux, lorsqu'il fait résonner les instruments et la voix, ça ne rigole pas: le chanteur Peter Loran est à créditer d'un bon travail vocal, tandis que le guitariste Steve Brown fait preuve d'un savoir-faire que beaucoup pourraient lui envier. Gràce à un songwriting de meilleur calibre et à des titres imparables, Trixter a sorti avec "Hear !" son meilleur album.