J'imagine que vous avez déjà pu avoir affaire à une musique mélangeant les styles, incorporant oeufs de Blues, farine de Metal et je ne sais quel beurre Electro. Vous savez aussi à quel point l'entreprise est risquée. Car oui, vous aussi vous êtes tombés six pieds sous terre à l'écoute des remixes électro des "hits" de Bob Marley. L'exemple n'est toutefois pas très approprié. Généralisons simplement au fait que la plupart des formations privilégient toujours une musique plus que l'autre, les autres éléments faisant tâche à partir de là (vous aussi vous en avez raté des gâteaux?). Dans ce jeu plus difficile que le Trivial Pursuit version Genius, Ellipsis, groupe français sortant son deuxième album en 11 ans d'existence, a eu le mérite de me charmer.

Essayons de cadrer un peu. Comme vous pouvez le lire en dessous de la pochette, on peut classer Ellipsis dans la catégorie métal progressif. Même si "From Beyond Thematics" n'est pas technique à proprement parler, il y a quelques éléments qui ne trompent pas. Un chant masculin haut perché, globalement bon (il pêche à certains moments toutefois), une musique mid-tempo dans l'ensemble, et surtout ces parties expérimentales en plein morceau comme on peut l'entendre chez DREAM THEATER. Mais encore une fois, pas de solos de guitares hallucinants précédant un solo de basse lui aussi hallucinant et précédant encore un solo de synthé (hallucinant, cela va de soi).

La musique d'Ellipsis est structurée, tout du moins dans ces parties "metal". Empruntant les mélodies légères (à ne pas prendre au sens figuré, on n'est pas chez Stéphane Collaro) et classiques du métal prog ou parfois les rythmiques cassées typiques du métal industriel, Ellipsis enchaîne les couplets et les refrains (assez ressemblant d'un morceau à l'autre). Et là, de deux choses l'une, on tombera soit sur des mélodies très banales et sans grandes surprises ("Divination" ou "Mother Apocalypse") soit sur un ensemble dissymétrique de notes assez plaisant car original et travaillé ("Butterfly Process" ou "Dark Sensual Nymph").

Allons droit au but. Ellipsis n'est jamais meilleur que quand il s'écarte des sentiers battus. Je parle de cette intro limite death-metal ("Circle Of Psycho Universe") enchaînant sur quelque chose de bien plus calme mais surtout de ces passages bizarres présents quasiment dans tous les morceaux. Ellipsis lâche entièrement la mélodie à ce moment-là et décide de partir dans son monde un peu psychédélique, emplis de bruits bizarres, de sons de guitares feutrés quelques fois ingénieux ("Spiritual Flower Bath"). Pas plus rapide ni violent, globalement même plus calme, ces transitions/ponts/parties/passages (appelez-les comme vous voulez) apportent ce charme dans "From Beyond Thematics" qui a réussi à me séduire, n'étant pas particulièrement friand de ce genre.

Il est vrai que, cet album étant conceptuel, le schéma musical opère d'un titre à l'autre. Mais outre quelques refrains accrocheurs ("From Beyond Thematics") n'occultant pas le classicisme (à prendre ici comme un défaut) des autres, Ellipsis pioche une carte intéressante quand la musique devient expérimentale, n'appartenant plus du tout au monde "metal". Alors, bancal ou non? Encore un peu, oui.