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- Style : God Seed

ENTHRONED - Prophecies Of Pagan Fire (1995)
Par JULIEN le 13 Août 2004          Consultée 5485 fois

Allons nous faire voir chez les belges ! Oups, pardon, mais c’est que vous voyez, question Metal, la Belgique c’est pas la joie... Alors pensez, quand on pose en 1995 ses petites mimines sur le premier album de nos voisins d’ENTHRONED, on se dit qu’on est bien content de pouvoir parler de Metal belge. De Black Metal en fait, comme le groupe s’échine à le claironner : Du feu, des trucs pleins de cornes, un logo avec pentagramme, des pseudos piqués dans le bouquin de sorcellerie de la mère-grand qui connaît deux ou trois bafouilles question racine de mandragore macérant dans du jus de chauve souris édentée et borgne... Bref, toute la petite panoplie du sataniste qui aime à déambuler dans la forêt avec ses peintures de guerre, beuglant des invocations en brandissant une armes fauchée chez le forgeron du coin.

Bon, et ces belges là, à part égayer le quotidien du bestiaire sylvestre du coin, y savent faire quoi, hein, dites ? Ben, pour commencer, ils savent composer du Black Metal. Et leur petite préparation n’est pas vilaine ma foi ! ENTHRONED réussit même avec ce premier album à imposer un Black Metal plutôt original pour l’époque : Certes, le groupe ne chôme pas question agressivité, les tempos rapides abondent, le guitariste Tsebaoth (sympas les parents) se met en valeur en alternant les gros accords plaqués typiques du Black et des riffs en éboulis caractéristiques, et Sabathan (comme ça, on sait ce qu’il fait les nuits de pleine lune, ce gaillard) impose un jeu de basse très présent qui personnalise encore le son ENTHRONED. En outre, à force de prendre des cours avec la gargouille du château en ruine gisant non loin de son village, Sabathan a chopé le truc et nous sert une vraie voix... de gargouille, et qui deviendra une des marques de fabrique du groupe. Mais ce qui singularise ENTHRONED sur ce « Prophecies Of Pagan Fire » (ben tiens), c’est le travail sur les atmosphères.

En effet, à l’instar d’EMPEROR et de son monumental « In The Nightside Eclipse », ENTHRONED fait partie de ces rares formations qui, alors, introduisaient du clavier dans leur musique. Une caractéristique que le groupe vouera aux gémonies dès son deuxième album, raison de plus pour en savoir davantage sur ces p’tits gars infatués de satanisme premier dégré : Du logo au joli livret à l’intérieur (tentant d’imiter le papier parchemin), des titres de morceaux aux paroles cuisinant Lucifer à toutes les sauces, sans oublier le lettrage gothique bon marché et un antichristianisme de collégien, les jeunes musiciens d’ENTHRONED ne se préservent d’aucuns clichés, et ça fait bien se gondoler... mais le Black mis au point par le groupe est de qualité, et ce qui doit importer, c’est qu’ENTHRONED excelle dans l’art de développer des ambiances évoquant de belles étendues de plaines et de forêts couvées d’un ciel chargé d’orage, la pluie martelant le sol où cavale une armée des ténèbres, quand ne s’affrontent pas deux armées orchestrant un symphonie de métal et d’acier s’entrechoquant violemment.

Pourtant, si le groupe est indéniablement doué, il faut bien reconnaître que sa jeunesse transparaît : Les morceaux et les riffs, à défaut d’être identiques, ont une facheuse tendance à se ressembler, et on se rend vite compte qu’ENTHRONED commet une imprudence de débutant : Enthousiaste et soucieux de frapper un grand coup, il brûle précocément ses cartouches. Dès les premiers morceaux en effet, le groupe expose sa recette qui consiste à ciseler des compositions assez longues, où les passages échevelés avec mur de grattes s’enchaînent à des parties plus tempérées et épiques mettant en valeur l’association riff mélodique et basse qui glougloute, avec généralement l’intervention d’une plage captivante qui sert d’écrin au clavier (orgue, nappes, claviers type EMPEROR). Bref, on connaît la musique dès la moitié de l’album, et une fois digéré l'excellent "Tales From A Blackened Horde" on attend en vain que le groupe nous surprenne... ce qu’il ne fera pas. Et comme les parties rapides sont généralement assez plates et répétitives, avec un Cernunnos (sert nonos ?) qui peine à tenir le rythme et lâche des breaks pour le moins bancals, on finit par ne plus s’intéresser qu’à la facette mid-tempo, épique et sombre du groupe, quand les riffs épiques et les claviers prennent le pouvoir... Un comble quand on sait que la formation basculera ensuite dans un Black intégriste et dépouillé d’ambitions d’ordre atmosphérique !

« Prophecies Of Pagan Fire » est donc, au final, un album frustrant, v’l’aurez pigé bande de petits curieux : Il révèle des musiciens capables de capturer de vraies ambiances et de nous soumettre des compositions de bonne facture... mais une maîtrise technique limite, des constructions un peu sommaires et une inspiration qui se tarit à force de redondance appellent bien des soupirs : C’est qu’on est passé à côté d’un grand album potentiel, et que nous devons nous contenter d’un bon disque. Et pourtant, j’aurais tant voulu aller me faire voir chez les belges...

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   JULIEN

 
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- Sabathan (basse, vocaux, claviers)
- Tsebaoth (guitare)
- Cernunnos (batterie)


1. Intro (prophecies Of Pagan Fire)
2. Deny The Holy Book Of Lies
3. Under The Holocaust
4. Scared By Darkwinds
5. Tales From A Blackened Horde
6. At Dawn Of A Funeral Winter
7. Rites Of The Northern Fullmoon
8. Skjeldenland
9. At The Sound Of The Millenium Black Bell
10. As The Wolves Howl Again



             



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