Après le cola breton, le cola corse va bientôt débarquer dans votre prisunic préféré! Le roi Dollar règne toujours sur ses trop nombreux sujets, et quelques-uns d’entre eux ont eu la bonne idée de détourner des aspirations autonomistes tantôt folkloriques tantôt dangereuses à des fins purement commerciales. Libre à vous de pisser de rire (changez quand même de pantalon quand vous aurez fini de vous esclaffez) ou de vous sentir offusqués par une telle information, nouvel exemple du manque de respect général des commerciaux et autres responsables des ventes.

Plutôt que de vous ruer sur ces nouveaux produits comme des écoliers en manque de Prince de Lu, il serait plus intelligent et plus gratifiant de tourner votre regard sur STILLE VOLK, groupe de metal pyrénéen. De metal? En fait, pas du tout. Mais le groupe a toujours été associé à la scène metal alors…

Ces toulousains fiers de leur origine occitane proposent une musique neo folk traditionnelle à tendance celtico-médiévale (la prochaine fois, je vous promets, je ferai encore plus long).
Patrick Laforgue et Patrice Rocques se réclament du paganisme. Mais point ici de hache en plastique ni de philosophie au foie de morue, leur démarche est profonde, presque archéologique, preuve en est ce morceau du douzième siècle d’un troubadour célèbre (tellement célèbre que je serai incapable de vous citer son nom, donc je l’invente. Ce sera Cosmotrou, on a l’imagination qu’on peut).

Un des mes copains (qui écrit aussi des chroniques sur ce site, le petit coquin) avait commandé le premier album du duo et l’avait savamment broyé quelques heures après sa réception. Il s’était senti floué après l’écoute de la galette qui n’a pas grand-chose (le pas grand-chose, c’est pour éviter de choquer les chevelus au poil dur, sinon j’aurais écris rien du tout) de metal. Ex-Uvie comportait quelques guitares électriques mais ce Maudat, que l’on pourrait traduire par mauvais œil, les a remisées au placard.

Cet album est ethnique, mystique, riche de nombreux instruments médiévaux et pourrait très bien figurer dans les bacs de musique traditionnelle de votre médiathèque locale. Profane que je suis dans ce genre musical, il m’est difficile de juger de l’excellence des mélodies et des arrangements proposés. Je peux simplement modestement évoquer ma satisfaction après m’être plongé dans cette œuvre. De maudat au chant des faunes (je laisse de côté calenda maia dont l’aspect fanfare déplaît quelque peu à mes oreilles) en passant par la mort des hommes, cette fameuse reprise du grand Cosmotrou (attention, n’ayant aucune idée de l’identité de ce morceau, j’ai pioché un numéro au hasard, puisse le groupe me pardonner de tant de légèreté), le voyage est plus que plaisant, merveilleusement dépaysant. Chaque chanson possède son identité propre, son climat tantôt champêtre et dansant, tantôt sombre et sévère.

La démarche des membres de STILLE VOLK est belle et leur refus des concessions au dieu Marketing, copain de chambrée du roi Dollar, est tout à leur honneur. Bravo!