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PROPAGANDHI - At Peace (2025)
Par REMISSA le 26 Mai 2025          Consultée 1480 fois

Il n’y a pas que le temps qui a défilé depuis la sortie de "How To Clean Everything" en 1993, premier album de la formation canadienne qu’est PROPAGANDHI. En effet, bien que le quartet se soit toujours revendiqué comme "veganarchiste", leur style a paisiblement migré de Punk/Skate Rock teinté de Thrash anodin vers du Punk nettement plus Prog-heavyfié, le tout en durcissant ses textes, nettement moins empreints de naïveté depuis leur antépénultième effort, "Failed States".

Et c’est bel et bien là que les natifs du Manitoba s’illustrent parmi leurs pairs : là où certains n’ont pas ou que peu fait évoluer leur style depuis des décennies, les affres du temps n’épargnant personne et pointant impitoyablement la fatigue des formations Punk s’étant illustrées au cours des années 90, PROPAGANDHI ne vieillit pas. Ils mûrissent, et oserais-je le dire, se cisèlent avec le temps.

Alors je les vois les sempiternels ronchons qui campent sur leurs acquis, incapables de tourner la page et d’apprécier les nouveaux travaux, trop obstinés à encore s’imprégner des précédents, mais les Canadiens ont su prendre leur temps pour ne pas confondre vitesse et précipitation dans la façon d’exposer la dépravation de la société (huit albums en bientôt quarante ans de carrière, le rythme est posé).

Ainsi, la bande emmenée depuis la nuit des temps par Chris Hannah et Jord Samolesky va consciencieusement éplucher des sujets brutaux : les guerres et les déportations ("Day By Day"), l’écocide ("Fire Season"), l’arme atomique ("Prismatic Spray (The Tinder Date)"), et, globalement, sur un grand nombre de titres, la Mort et l’inutile fugacité du passage des Hommes sur Terre. Le tout sans jamais prendre un ton professoral ou de donneurs de leçons de pacotille, en maniant superbement le verbe et en usant à outrance de métaphores saupoudrées d’humour. L’introduction de "Cat Guy", pour ne citer qu’elle à titre d’exemple, et je m’y astreindrai, est à ce titre hilarante :

"If baby Hitler and your family dog were both found drowning in a lake and you could only rescue one because — well, that’s never really been explained. Which pitiful creature would you condemn?"

Ça donne le ton, surtout avant de parler d’enfants (allusivement juifs, ouïghours, gazaouis… On vous laisse le choix dans l’horreur) alignés sous des draps blancs, et d’un soupçon de protection animale. Oui, ça plombe l’ambiance, mais le mal est pourtant nécessaire.

Côté instrumentalisation, car il est tout de même sujet de cela en ces pages, ces textes sont portés par une musique presque antipodique avec le pessimisme des thèmes. PROPAGANDHI n’a pas perdu un iota de sa superbe depuis "Victory Lap", avec un groove remarquable assuré en grande partie par la basse ronronnante de Kowalski, mise sur un piédestal ("No Longer Young", "Stargazing", "Benito’s Earlier Work") et donnant une véritable pesanteur à l’ensemble, lui-même porté par un riffing simple et efficace. Un chouille trop simple peut-être au regard des précédentes productions, mais l’effet produit ne fait pas cheap ou bâclé, semblant se concentrer sur des effets coups de poing institutionnalisés par la disto très Métôl pour du PROPAGANDHI. L’assise de la violence, qui sait ?

Toujours dans le Metal, le chant d’Hannah semble lui aussi tourné dans un registre plus agressif et accrocheur, peut-être pour assurer le poids de ses mots, mais sa clarté et sa juvénilité sont intactes, comme quoi l’anticapitalisme ça entretient la forme ! Jouant de la dualité des thèmes, entre vie consciente et éclairée à la manière d’un Eckhart Tolle et rébellion ultra-radicale et meurtrière à la Théodore Kaczynski, le frontman fait ainsi varier son timbre entre les titres plutôt Punk-tradi situés en début d’album et les plus introspectifs, voire mélancoliques ("Day By Day" et "Something Needs To Die But Maybe It’s Not You" en étant presque surprenants – et concluent l’album sur une note presque amère).

Au milieu de cette ambivalence entre légèreté et spleen, il est tout à fait possible d'écouter "At Peace" distraitement, les titres défilant nonchalamment dans une harmonie superficielle si l'attention ne leur est pas prêtée. Et c’est bien là le piège dans lequel PROPAGANDHI perdra les moins valeureux : il faut creuser cet album tant musicalement (pour déceler les arrangements punchy qui font crépiter l’énergie débordante de l'album) que dans les textes. La verve et l'intelligence absolue du traitement des thématiques qui font chier les anti-wokes, fachos, mysos, et tout autre individu de cette clique de gens infréquentables est tout simplement remarquable. Il est si tentant de faire l'autruche et de se laisser vivre en ignorant les maux du monde, enfermé dans son petit égoïsme à œillères.

Tant pis pour cette racaille, elle ne mérite pas d’effleurer l'art sommital qu'a atteint PROPAGANDHI. Si vos yeux s’humectent à l’écoute des paroles, dites-vous au moins que êtes du bon côté de la barrière.

Monde de merde.

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "At Peace", "No Longer Young", "Cat Guy".

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   REMISSA

 
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- Chris Hannah (chant, guitare)
- Jord Samolesky (batterie, backing vocals)
- Todd Kowalski (basse, chant)
- Sulynn Hago (guitare, backing vocals)


1. Guiding Lights
2. At Peace
3. Cat Guy
4. No Longer Young
5. Rented P.a.
6. Stargazing
7. God Of Avarice
8. Prismatic Spray (the Tinder Date)
9. Benito’s Earlier Work
10. Vampires Are Real
11. Fire Season
12. Day By Day
13. Something Needs To Die But Maybe It’s Not You



             



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