Comme dirait l’autre, le titre donné à ce split est la parfaite définition de ce qui va émaner des six titres offerts à notre écoute. Si vous aimez lire quelques-unes de mes chroniques, vous aurez bien entendu fait le rapprochement avec la sélection dernière de AETHYRICK quelle vous avais proposé avec leur tout récent album, "Death Is Absent", mordant à souhait et marqué au fer rouge des ambiances du Black Metal des 90's, et ce duo mystérieux s’en est allé composer trois autres titres géniaux qui suintent fortement la férocité toute finlandaise. Et si vous aimez d’autant plus le givre et le grésil, MARRAS ne va pas se priver pour vous en souffler jusqu’au plus profond de vos artères, histoire d’arrêter un peu la vie qui coule en vous. Je vais vous en parler de MARRAS, ça c’est sûr ! Vous n’y couperez pas.

Disposer d’un split d’une telle qualité est une sacrée aubaine, qui plus est lorsque l’on connaît les talents singuliers de ces deux groupes finlandais véhéments, fiers et discrets à la fois. Le génie se déploie sans emphase, vous me direz, il ne se déclare pas, il se rencontre. Et le duo finlandais de AETHYRICK le tutoie encore à bien des égards. Trois titres vont leur suffire une nouvelle fois pour le démontrer. Trois titres saisissants aux mélodies racées et taillées dans le gneiss qui vous promettent des envolées mélodiques superbes que les claviers encerclent pour mieux les vicier de leur torpeur. Mention spéciale, peut-être, car les deux autres ne déméritent pas et c’est peu de le dire, à "Turning The Wheel Of Seasons" et son rythme glaçant, son frénétisme tapi dans l’ombre et jaillissant pour magnifier un peu plus encore la fin du titre. Tout y est dans ce titre Black Metal où l’union des spectres justement vous jouera des tours : leads dentelés, nappes de claviers sporadiques et suprêmement ténébreuses, vociférations hypnotiques et aura mélodique noirâtre. "The Roads Walked Alone" vous ramènera un peu la mélodicité typique du Black suédois et lorsque j’entends ce titre, je pense à DJEVEL. Les riffs sont galopants et les lignes de guitare cavalent de manière entêtante avec beaucoup de maestria. Non, vraiment, AETHYRICK me subjugue une nouvelle fois en une vingtaine de minutes… Ce duo est à surveiller de près mais il est sans doute trop tard. Insaisissable et endrapé d’un mystère dense, il convole vers des firmaments misanthropes au contact bien plus étroit avec les forces primaires de la Nature.

Et si MARRAS leur emboîte le pas, c’est pour raviver et martyriser davantage ce split. MARRAS, c’est du dur, du terrible et de la progéniture infâme d’un diable grand prince du monde terrestre. Vous découvrirez, je vous prie – c’est un ordre ! – leur premier album acide et acrimonieux au possible, "Where Light Comes To Die", dont vous trouverez la chronique en ces lieux. Si le son finlandais avait une âme qui se passerait de décennie en décennie, MARRAS, de par son côté maléfique et ultra-belliqueux, pourrait l’hériter d’un HORNA ou d’un CLANDESTINE BLAZE tant le rendu sonore est effrayant et force le respect. Les quelques nappes de claviers donnent aussi un peu d’air à une atmosphère suffocante et vénéneuse. Mention spéciale au second titre "Between Two Worlds" avec son riff d’introduction qui vous rappellera celle de "War" du vieux comte Grischnackh et à son aura d’un noir absolu. Glaçant et glacial, c’est un titre cruel pour tous les aspirants à la sérénité et à la rêverie. Mais MARRAS n’a jamais changé et a toujours proposé des titres empoisonnés interdisant tout contact. La mélodie n’est jamais bannie mais reste, à l’inverse de AETHYRICK, plus en retrait. Si vous mangez plus de pain de cela, "I Belong In Darkness" vous plaira davantage que les deux premiers titres.

MARRAS nous propose des titres appréciables, mais ces Finlandais-là ne voleront pas la vedette aux autres de AETHYRICK sur ce split. La complémentarité entre la crudité des uns et la sombreur maléfique des autres est ici très intéressante. Deux groupes qui ont pignon sur rue au sein de la scène finlandaise, mais aussi deux styles singuliers, différents, mais parfaitement reconnaissables dès les premières secondes d’écoute. Voilà pourquoi, une fois n’est pas coutume, je voulais vous partager et/ou vous faire découvrir ce split incroyable qui vous permettra certainement d’endurer les prochains hivers avec plus de résistance. Si je fais les comptes, un 3/5 pour MARRAS et un bon 4/5 pour AETHYRICK, la messe est dite.

Note réelle : 3,5/5.