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1993 Dig

I MOTHER EARTH - Dig (1993)
Par DARK BEAGLE le 9 Avril 2025          Consultée 525 fois

I MOTHER EARTH s’est formé en 1990 à Toronto autour des frères Tanna, Jagori à la guitare et Christian à la batterie. Ils vont s’acoquiner avec le chanteur Edwin Ghazal, verront le line-up complété avec Franz Masini à la basse et la première mouture du groupe s’appellera IME, avant de déboucher sur ce nom tout aussi énigmatique, mais plus profond. Fort d’une démo et de concerts qui vont faire parler d’eux, la formation va rapidement attirer de nombreuses maisons de disques, ces dernières étant comme des requins attirés par une goutte de sang dans l’océan. C’est finalement Capitol Records qui décroche la timbale et I MOTHER EARTH s’envole pour Los Angeles afin d’enregistrer son premier album sous la houlette de Mike Clink, le producteur derrière les GUNS N’ROSES et du "Rust In Peace" de MEGADETH, pour ne citer qu’eux.

Comme curriculum vitae, ça se pose là. Sortir de nulle part et réussir à s’offrir une des Lamborghini de la production US, excusez du peu. Durant ces sessions, Masini va être viré et Jagori va réenregistrer toutes les parties de basse, bien que ce soit un certain Bruce Gordon qui aura été crédité, alors qu’il est arrivé à la fin des séquences studio. "Dig" sortira en août 1993, avec cette pochette où l’on voit un des ancêtres de Marcus (*) avec un masque à gaz et connaîtra une jolie petite carrière (certifié disque d’or au Canada et victoire aux Junos, des espèces de Victoires de la Musique canadiennes, au nez et à la barbe de RUSH et The TEA PARTY). Mais le disque vaut-il toutes ces louanges où s’agit-il d’une hype insensée (**) ?

En fait, il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que l’on tient là un album assez particulier. Bien qu’il dure tout de même 67 minutes, les cinq premiers morceaux suffisent pour comprendre que les musiciens sont inspirés et qu’ils ne se sont pas fixés de barrière. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que sur les quatre singles tirés de "Dig", seule "The Mothers", l’ouverture de l’album, n’en fasse pas partie. Sinon, les quatre autres pistes ont eu cet honneur et cela n’a rien d’étonnant vu que chacun de ces morceaux propose un univers différent. "Dig" est ce genre de disque où l’on ne s’ennuie pas malgré une longueur que l’on pourrait juger déraisonnable. Il prône la variété de style en une Fusion que l’on pourrait rapprocher de celle de LIVING COLOUR ou d’un Dan REED NETWORK bien plus Heavy.

Bref, ces cinq morceaux pourraient presque résumer l’album à eux seuls, mais "Dig" dévoile encore bien plus de surprises. Entre un style parfois très direct, comme pour "Not Quite Sonic" et des choses où le groove est plus que primordial, où la basse prend les devants, Funk en puissance ("Production"), délires Jazzy ("So Gently We Go"), parpaings directs in your face ("Rain Will Fall")… et j’en passe ! Les titres sont souvent assez longs, ils prennent le temps de se développer sans tomber dans le piège de tournures Progressives mal maîtrisées. Jagori ne se cantonne pas à un style, il explore, prend des risques, expérimente, il est également capable de planter de longs soli qui parviennent à capter toute notre attention ("The Universe In You").

Edwin se veut également versatile dans sa façon d’aborder le chant. Il se débrouille plutôt bien, même s’il n’est pas le plus charismatique des frontmen. Il véhicule les sentiments, il peut forcer sa voix sur les pièces les plus Heavy ("Rain Will Fall" en tête), il peut également se faire velours ("So Gently We Go"). La musique est également à cette image. Elle peut sonner de façon très Heavy par instants ("Levitate", "Rain Will Fall"), puis explorer d’autres horizons, oser une batterie plus Jazz, un phrasé quasi Rap, des intonations Bluesy, de bonnes grosses louches Funky et même quelques percussions latinos ! I MOTHER EARTH ratisse donc assez large, mais la formation parvient à conserver malgré tout un équilibre, aucun morceau ne ressemble à un hors sujet total.

Bien entendu, il est possible de pinailler sur la longueur des morceaux ou de l’album, qui est tout de même dense, donc pas forcément facile à digérer en une fois. Là encore, nous sommes sur des standards de l’époque où le CD avait nettement pris le pas sur le vinyle et qu’il fallait charger pour remplir la surface enregistrable pour que tout le monde en ait pour son argent. Une version du disque propose également "Love From Revolution", extrait de leur démo cinq titres et non retenu pour l’album, qui porte l’ensemble à 73 minutes. Là, j’en conviens, c’est long, très long, d’autant plus que ce rajout est sympa, sans plus.

Avec "Dig", les Canadiens de I MOTHER EARTH ont réalisé le coup parfait : l’album est versatile, accrocheur et surtout, il n’a pas pris une ride, plus de trente ans plus tard. Il sonne toujours aussi bien maintenant, avec cette batterie imposante, cette basse qui s’exprime pleinement et ces guitares incisives ou plus psychédéliques. Il est le premier pas d’une discographie plus erratique, à la qualité variable, mais il est le seul album de la formation que l’on peut qualifier d’incontournable pour la découvrir, tant il ratisse large, tant il explore continuellement de nouvelles voies sans jamais se perdre pour autant. Je citais Dan REED NETWORK plus haut, "Dig" semble en porter son héritage, dans les idées, l’approche de la musique, sans pour autant l’imiter. Si vous avez un peu plus d’une heure à tuer, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

(*) Oui, j’ai des enfants.
(**) Comme TOOL ou BLOOD INCANTATION apparemment.

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   DARK BEAGLE

 
  N/A



- Edwin (chant)
- Jagori Tanna (guitare, basse)
- Christian Tanna (batterie)


1. The Mothers
2. Levitate
3. Rain Will Fall
4. So Gently We Go
5. Not Quite Sonic
6. Production
7. Lost My America
8. No One
9. Undone
10. Basketball
11. And The Experience
12. The Universe In You



             



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