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THRASH METAL  |  DEMO

Lexique thrash metal
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DEMOS

1987 December Moon
 

- Membre : Entombed, Mayhem

MORBID - December Moon (1987)
Par PERE FRANSOUA le 14 Mars 2025          Consultée 139 fois

Y a t il une vie avant la mort ?
Avant d’être l’incarnation de l’amour pur de la mort et de faire de sa mort la déclaration de street credibility la plus mythique du Metal, quelle vie à eu Dead et qu’a-t-il voulu exprimer ?
Dans une volonté d’absolu typique de la jeunesse l’imaginatif Per Yngve Ohlin, dit Pelle, dit Dead, a rendu trop vivant son spectacle de mort, costume vraiment enterré, corbeau décomposé vraiment inhalé, veines vraiment tranchées, jusqu’à son suicide spectaculaire et tourné en spectacle malgré lui, devenant l’étendard du Black Metal et son premier martyr.

L’histoire ne commence pas avec son arrivée fantomatique en Norvège pour rejoindre MAYHEM et y galérer jusqu’à la dépression. On connaît tous cette vidéo devant la cabane ensoleillée et la première répétition filmée, le jeune homme habillé de bleu semblant aussi perdu qu’un oisillon.
Elle ne commence pas non plus avec le récit bien connu de la cassette envoyée avec une souris crucifiée puante de décomposition, contée avec truculence par Necrobutcher, et qui lui servi de CV. Pelle semble à jamais prisonnier du prisme norvégien comme si le garçon tourmenté était apparu de nulle part, sortant des abysses pour transfigurer le Black.
Non, l’histoire commence en Suède, là où il vécut, où un avenir possible l’attendait, où des gens l’aimaient, et où il s’exprima une première fois au sein de MORBID.

Comme moi, bien des fans de Black norvégien ne s’intéressèrent à MORBID que par fascination (morbide) pour Dead, en quête de quelques traces de son mince passé musical. Seulement il y a plus. Il y a l’histoire de la scène suédoise qui bientôt enfantera son fameux Death. Passons pour les moments les premiers changements de line-up, pour nous attarder sur deux des membres qui jouent sur cette démo kvlt, et qu’on entendra aussi sur les captations en répétitions ou en concerts, gravées et compilées sur "1987 - Year Of The Goat" (2011). À la guitare, sous le pseudo un tantinet ringard de Napoleon Pukes se cache l’immense Ulf Cederlund de NIHILIST et donc ENTOMBED. À la batterie, sous le pseudo de Drutten, c’est Lars-Göran Petrov, qui deviendra bientôt le chanteur du groupe de Nicke Andersson.
Eh oui les amis, MORBID c’est aussi la première expression musicale enregistrée de deux des membres fondateurs et centraux du plus fondateur et central des combos de Death suédois, NIHILIST/ENTOMBED !

Avant l’émergence de la scène Death, fruit de quelques dizaines de trublions, il y avait un bouillon de culture très modeste. Malgré le succès de BATHORY, durant une bonne partie des années 80, il n’y avait pas de scène Metal en Suède. S’il y avait bien quelques tentatives à base de démos plus ou moins influentes (le méchant Thrash de MEFISTO et OBSCURITY), l’absence totale de performance scénique ne permit aucune agrégation des jeunes chevelus sans le sou. Tous trop jeunes pour avoir le droit d’acheter de l’alcool ou d’entrer dans des bars, le seul point de chute était le magasin de disque « Heaven Sound ». Ça n’a commencé à bouger qu’avec MERCILESS, les fameux qui signeront avec Euronymous pour "The Awakening", et MORBID, qui réussiront à faire des concerts malgré l’adversité et la pauvreté. Ces deux entités, qui ne connurent pas la postérité, furent les deux plus importants marchepieds de la future scène de Stockholm.

La musique de MORBID s’inscrit dans le prolongement d’un Metal maléfique qui cherche à s’extrémiser sans trop savoir comment, dans le sillage de SLAYER et BATHORY et du trio germanique SODOM/DESTRUCTION/KREATOR, une veine où Thrash, Death et Black étaient encore indifférenciés, tout en cartouchières et yeux grossièrement cernés.
1987. Durant cette année et quelque d’activité intense, la bande de jeune menée par Dead le visionnaire, a réussi à se construire un répertoire de quelques chansons solides et à atteindre un niveau technique suffisant, à force de répétitions sérieuses et de concerts dans des squats, jusqu’à être en mesure de rentrer aux Thunderloads Studios le 5 décembre 1987 (sur le conseil des copains de MERCILESS), pour enregistrer la légendaire démo "December Moon", payée grâce à leurs maigres économies. Ils ressortirent le lendemain avec le produit fini et mixé.
Les quatre morceaux qui y figurent surprennent autant qu’ils semblent familiers. La veine SLAYEResque y domine, archi rapide et furieuse, avec une batterie primitive, comme chez SARCOFAGO, ou les premiers SEPULTURA, ou le "Scream Blood Gore" de DEATH, mais les nombreux changements de rythmes, ralentissements et accélérations, la recherche d’ambiance, les breaks assez bien foutus pour des débutants, démontrent une inventivité importante et un sacré potentiel. La basse de Dr Schitz (Jens Näsström de son vrai nom) est ronde et très audible, ce qui est bien, mais elle ne semble pas toujours bien en place, ce qui est moins bien. La production est reconnue par les membres comme manquant de nerf et d’agressivité mais elle bénéficie à contrario d’une grande clarté (pour une démo) qui fait la part belle aux guitares dont le jeu précis et carré étonne également. Oui, ça sonne souvent comme du "Hell Awaits" en montée de caféine mais l’on sent poindre des riffs qui effleurent autant qu’ils fleurent le Death ou le Black du futur. J’apprécie particulièrement les nombreux passages plus lents et ambiancé de "From The Dark".
Profitons-en pour reconnaître la qualité de composition d'un grand absent, TG (Lars Johan Torbjörn Gräslund de son vrai nom) qui est responsable de la majeure partie des chansons. Ulf/Napoleon Pukes qui le remplacera durant le court de l'année retravaillera ses partie et apporta, à n'en point douter, beaucoup de précision dans l'exécution.

Venons-en à la prestation de Dead. Ses vocaux sont assez étranges, peu râpeux, parfois murmurés dans une intention de mystère mais ils ne sont pas forcément convaincants, alors que ce qui se firent entendre sur scène courant 1987 étaient plus brutaux et abrasifs, et donc plus proches de ceux qui nous terroriseront sur le "Live In Leipzig". On lui concédera une liberté créative et une volonté d’être lugubre comme dans les films d’horreur ou d’épouvante, qui ne s’entendra à l’époque que chez TORMENTOR.
On retrouve les obsessions thématiques de Dead, avec ses mots totems qui seront repris chez MAYHEM, "From the Past", "From the Dark" (donc « from the dark past »), et comme chez MAYHEM la présence des vocaux se fait assez rare et laisse beaucoup de place à la musique. Une exception dans ce flot de « Darkness », « Funeral » et « Cemetary » sont les paroles de "Disgusting Semla", une semla étant une brioche suédoise à la crème. Cette fois c’est l’humour noir et décalé de Dead qui se montre. Le morceau finit même par un « la-la-la-la-la » chanté à tue-tête avec une voix aiguë ironique. Ce côté par sérieux en fera le titre chouchou de leurs quelques concerts.

Juger et noter cette démo presque quarante ans après est assez moribond. Ces petits gars ont fait du mieux qu’ils ont pu avec les moyens du bord, dans un environnement encore désertique. Il faut accepter le résultat telle que l’Histoire la façonna, et faire avec, le manque d’expérience et de moyens, le jeune âge (Dead à dix-huit ans, Gehenna dix-neuf, mais Dr Schitz en a dix-sept ans, mais Napoleon Pukes/Ulf en a seize et Drutten/LG en a seulement quinze !) qui ne leur permit pas d’oser contester les choix du mixage, alors qu’ils préféraient tous la version brute qui avait plus de pêche.
La suite, on la connait presque tous, c’est le départ début 1988 de Gehenna, John Hagström de son vrai nom, qui en avait marre de se taper la route depuis son lointain chez lui pour venir répéter, puis le départ de Dead qui ira tenter sa chance chez MAYHEM, pensant – à tort – que ça bougerait plus vite et pensant – à raison – qu’il pourrait mieux y exprimer son goût des mises en scènes macabres. On sait moins que MORBID continua encore quelques mois, enregistra même une seconde démo (intitulée "Last Supper…") avec un nouveau chanteur, testant un nouveau studio, un certain Sunlight, qui s’illustrera bientôt comme le temple du son suédois. Eh oui, MORBID fut aussi le premier groupe de Metal suédois à enregistrer quelque chose chez Tomas Skogsberg, mais sans Dead !
On sait moins que Dead aura assez vite l’envie de rentrer au pays, de reprendre ses études d’art et relancer MORBID, devant la stagnation de sa situation en Norvège et de son nouveau groupe maudit. Des rencontres, répétitions et concert furent planifiées mais c’est la dépression et l’isolement qui gagnèrent la course.

Tout le monde spécule sur ce qu’aurait pu donner MORBID sans le départ de Dead ou si son retour planifié avait pu se concrétiser, dans le cadre nettement plus favorable de l’explosion du Metal extrême dans le pays, mais il faut bien se rendre à l’évidence que si le groupe avait continué, Ulf et LG ne seraient sans doute pas retournés jouer avec Nicke et que NIHILIST n’aurait pas été le même, voire n’aurait pas été du tout, et sans NIHILIST pas de scène Death Metal et de son suédois.
En somme il fallait que Dead meure pour le Death vive.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Dead (vocaux)
- Napolean Pukes (guitares)
- Gehenna (guitares)
- Dr. Schitz (basse)
- Drutten (batterie)


1. My Dark Subconscious
2. Wings Of Funeral
3. From The Dark
4. Disgusting Semla



             



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